Depuis quelques jours, les réseaux sociaux sont inondés de photographies de célébrités posant devant des poubelles, une manière originale de sensibiliser à l’insalubrité urbaine.
Manu NKAMA
Les villes du Cameroun sont désormais décorées de nouvelles “guirlandes” : peu importe la localité ou la région, les poubelles font partie du paysage au même titre que les lampadaires ou les affiches publicitaires.
Selon les informations collectées, la société Hysacam, qui détient le monopole de la gestion des déchets depuis des années, a été contrainte en 2018 de réduire ses efforts et de se limiter à un service minimum en raison de problèmes d’insolvabilité financière.
« En 2017, l’État n’avait payé que 45 % de sa facture, et la société avait clôturé l’exercice 2018 avec une dette de 14 milliards de FCFA. Pis, les paiements annoncés se faisaient au compte-gouttes, ce qui ne favorisait pas l’investissement. Pourtant, la société faisait face à des problèmes structurels et techniques, tels que le blocage de son matériel au Port autonome de Douala et de ses pièces de rechange dans les soutes de bateaux. De plus, son parc automobile était insuffisant », rapporte Camer.be.
En résumé, l’insalubrité dans les villes du Cameroun résulterait d’un malentendu entre l’État et Hysacam, mais surtout d’une dette impayée qui empêcherait l’entreprise de se déployer efficacement.
Pour tenter de sensibiliser la population à leur niveau, le challenge #MontreTaPoubelle a rapidement pris de l’ampleur après son lancement par le blogueur Peupah Zouzouah. Le principe est simple : il suffit de se filmer ou de se prendre en photo près d’une poubelle avec un air joyeux, afin de créer un contraste frappant entre la gravité du problème et la légèreté apparente du geste.
Que ce soit sur Facebook, Instagram ou X, anonymes et célébrités se prêtent au jeu. Parmi les personnalités ayant partagé leurs clichés avec leurs communautés figurent la comédienne Amélie Bengono, la chanteuse Ulanda, ou encore le créateur de contenus culinaires NdockBidi.
Cependant, si certains considèrent ce challenge comme un moyen efficace de sensibilisation, d’autres, notamment parmi les créateurs de contenus spécialisés dans le tourisme, estiment qu’il « expose le pays et montre une facette négative du Cameroun ». Pour eux, sensibiliser aux problèmes est essentiel, mais il est tout aussi important de valoriser les aspects positifs du pays en diffusant des images encourageantes.
Pour l’instant, le challenge se poursuit et, jusqu’ici, aucune mesure concrète n’a encore été prise.
