Dans l’industrie musicale camerounaise, comme partout ailleurs, le buzz est devenu un levier incontournable de promotion.
Elsa Daniele Monti
À une époque où l’attention du public est volatile et dictée par les algorithmes des réseaux sociaux, nombreux sont les artistes qui misent sur le buzz pour capter la lumière. Mais derrière les apparences festives et virales, que révèle cette stratégie devenue presque systématique ? Entre opportunité marketing et risque de superficialité, le buzz organisé dessine les contours d’un showbiz camerounais en quête de visibilité.
Quand le buzz devient matière première
« Toute personne qui a quelque chose à vendre rêve d’avoir une cible et un public », analyse le journaliste et storyteller Bonas Fotio. En effet, dès qu’un projet musical se prépare, le moment de sa sortie devient stratégique : il faut s’assurer que l’attention du public atteigne son paroxysme. Le buzz devient alors une rampe de lancement, un amplificateur émotionnel et médiatique.
Si certains artistes déclenchent naturellement le buzz, par leur charisme ou leur notoriété, d’autres doivent recourir à des stratégies plus calculées : polémiques sur les réseaux sociaux, provocations, contenus viraux ou collaborations inattendues. Tout est bon pour occuper l’espace numérique avant une sortie.
Aujourd’hui, le buzz ne précède plus seulement la musique : il en devient parfois le moteur. « Certains artistes basent même leurs contenus musicaux sur l’actualité virale ou les expressions à la mode », poursuit Bonas Fotio. Le succès d’un titre dépend alors de sa capacité à surfer sur une “trend”. Mais lorsque celle-ci s’essouffle, la chanson s’éteint avec elle.
C’est un jeu risqué. Comme le résume le journaliste : « Le buzz peut être éphémère… juste le temps d’un flash. »
Entre visibilité immédiate et carrière durable
Le recours fréquent au buzz dans le showbiz camerounais s’explique aussi par les réalités locales. Dans un secteur encore peu structuré, où les budgets de promotion sont souvent limités, créer le buzz devient une solution économique pour émerger.
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Mais cette logique reste imprévisible. « La musique sur laquelle on mise n’est pas toujours celle qui explose », rappelle Fidjil, journaliste culturel, en évoquant les cas emblématiques de Coller la petite de Franko ou Le gars-là est laid de Mink’s ,deux titres devenus viraux contre toute attente.
Comme tout outil, le buzz peut propulser… ou enterrer. Des artistes comme Maahlox ou Ko-C ont su transformer leur visibilité soudaine en opportunités concrètes. D’autres, en revanche, n’ont pas réussi à capitaliser sur leur moment de gloire et ont disparu une fois la lumière éteinte.
Dans un environnement où le contenu seul ne suffit plus, les artistes doivent concevoir leur carrière comme un produit global. Branding, storytelling, présence digitale, qualité visuelle, timing : chaque détail compte. Mais comme le souligne Bonas Fotio, « il n’y a pas de formule magique ».
Le vrai défi ? Trouver l’équilibre entre l’immédiateté du buzz et la construction d’une identité artistique durable. Car si la viralité peut faire exploser un nom, seule la constance construit une carrière.
Elsa Daniele Monti
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