Mardi soir, La Seine Musicale accueillait la troisième édition des Flammes Awards, une cérémonie parisienne consacrée aux cultures urbaines, afro, caribéennes et diasporiques. L’Afrique y a été massivement représentée, de la Côte d’Ivoire au Mali en passant par le Congo. Pourtant, un grand absent a sauté aux yeux : aucun artiste camerounais n’a été nommé ni invité à se produire, dans une édition où l’Afrique brillait, sauf le Cameroun.
Elsa Daniele Monti
La cérémonie a vu défiler des stars comme Aya Nakamura, Kaaris, Tiakola ou Himra, tandis que la catégorie dédiée aux musiques africaines a mis à l’honneur Keblack, Franglish ou encore le rappeur ivoirien Himra. Sur les 56 artistes nommés cette année, aucun ne venait du Cameroun. Ni musicien, ni influenceur, ni représentant officiel n’a été aperçu sur le tapis rouge. Une absence totale qui suscite interrogations et déceptions, alors même que le Cameroun possède une scène urbaine active et influente dans la sous-région.
Des artistes actifs, mais peu visibles à l’international
Sur le plan national, des noms comme Jovi, Tenor, Kocee ou Maahlox alimentent régulièrement la scène. Mais en ligne, leurs performances restent limitées. En 2024, le morceau camerounais le plus streamé fut Hala Madrid de Bad Nova avec environ 5 millions d’écoutes. À part cela, très peu de titres atteignent le million : Mavini de Cysoul en totalise 820 000, tandis que Strangers de Kocee ft. Ks Bloom totalise 310 000 streams. Cette faible présence numérique explique en partie le manque de reconnaissance sur les scènes internationales.
Un écosystème local en difficulté d’exportation
Le manque de reconnaissance s’explique aussi par des faiblesses structurelles. L’industrie musicale camerounaise reste sous-financée, peu organisée, et souvent minée par des rivalités entre artistes. Faute de soutien institutionnel, de labels puissants ou de réseaux internationaux, peu d’artistes parviennent à franchir les frontières. Résultat : malgré le talent, le Cameroun peine à s’imposer dans les grands rendez-vous culturels mondiaux.
Pourtant, quelques figures liées au pays ont tout de même brillé. Sophy Aiida, actrice et animatrice d’origine camerounaise, faisait partie du jury officiel de cette édition et co-présentait le pré-show des Flammes. Et Driver, vétéran du rap français aux racines camerounaises, était également co-présentateur de la cérémonie. Une maigre consolation dans un tableau bien vide.
Elsa Daniele Monti
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