Le nom de Saint Désir Atango, musicien camerounais disparu des scènes dans les années 2000, refait surface dans un contexte particulièrement sombre.
Interpellé par les forces de l’ordre pour une affaire d’inceste qu’il aurait lui-même confessée, ce personnage n’a cessé d’intriguer au fil des années par ses prises de position, tantôt mystérieuses, tantôt très tranchées. La rédaction de SCN se risque à dresser le portrait de cette figure “floue” de la musique camerounaise.
De vedette des années 90 à figure controversée
Dans les années 90, Saint Désir Atango, de son vrai nom Désiré Atangana, était une véritable vedette. Son album “Nkul Walong” et son titre éponyme, une chanson audacieuse et suggestive aux paroles amusantes – “amie oo je veux limer ooo, j’achèterais tes chaussures à la librairie ooo” – ont marqué les esprits. À l’époque, c’était un jeune homme fringant, aux tresses de style américain, qui reprenait des classiques du “vieux de la vieille” Elanga Maurice dans le genre meringué. Son répertoire, incluant des titres comme “Ading Mfe”, “Kabeyene”, “Marie Christine”, “Mama Mbala”, “Ekon Meyock”, “Christiana”, “Clarisse de Kribi”, “One Drop” ou encore “Elle m’a volé”, explorait des thèmes variés, des relations amoureuses à la critique sociale. Après une longue période de silence, il essaie un retour en 2019 avec des singles tels que “Tawola Messam Womo”, “Ekar Mi Sam” et “L’amour sur ordonnance”.
De la musique à la spiritualité
Comme de nombreux artistes, Saint Désir Atango n’a pas connu de succès durable au-delà de cette brève période. Il a voyagé à l’étranger et est revenu au Cameroun converti au bouddhisme. Les réseaux sociaux sont devenus ses principales plateformes d’expression, où il abordait des sujets de spiritualité et de politique.
Dans des prises de parole virulentes, il a notamment annoncé la mort du régime Biya. Ses dénonciations du mauvais état des routes et de la promiscuité dans les villes ont été vivement appréciées par le public. Cependant, peu après, il a perdu une partie de ses followers. Il se présente désormais comme le « Christ-Roi des Ékangs », affirmant incarner une mission divine destinée au peuple noir. Dans ses discours, il prône la souveraineté culturelle africaine, la paix intérieure et le retour aux sources spirituelles de l’Afrique.
Cette nouvelle orientation marque une rupture nette avec son ancienne vie d’artiste. Il se considère aujourd’hui comme un guide spirituel, développant une pensée mystique, parfois difficile à cerner, mais toujours centrée sur la réappropriation de l’identité africaine , pas très clair mais correcte . Jusqu’à ce 29 mai où il présente des rapports intimes avec ses enfants comme une mission divine. Un Saint aux plaisirs malsains , ceux de l’inceste dans ses désirs.
Elsa Daniele Monti