À quelques mois des Championnats du monde 2025 en Thaïlande, la Fédération camerounaise de volleyball est en proie à une crise institutionnelle majeure. Deux présidents autoproclamés, Julien Serge Abouem et Bello Bourdanne, se disputent le leadership, chacun ayant nommé un sélectionneur différent pour l’équipe féminine. Une situation qui menace sérieusement la préparation de la sélection nationale.
La Fécavolley traverse une crise sans précédent. Le 31 mai 2025, l’entraîneur brésilien Paulo de Tarso Milagres, âgé de 47 ans, est arrivé à Yaoundé pour prendre officiellement la tête de l’équipe féminine de volleyball du Cameroun. Sa nomination par Bello Bourdanne , soutenu par le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi , s’inscrit dans un climat de rivalité intense au sein de la fédération.
Cependant, cette désignation est farouchement rejetée par la faction dirigée par Julien Serge Abouem. Dans un communiqué publié le 3 juin 2025, la Fécavolley conduite par Abouem a déclaré ne pas reconnaître Paulo de Tarso Milagres. Le secrétaire général de cette faction a précisé qu’aucune assistance technique n’a été sollicitée auprès de la Fédération internationale de volleyball (FIVB), réaffirmant que Jean René Akono, entraîneur aux trois titres continentaux, demeure l’unique sélectionneur légitime.
Selon ce communiqué, Milagres ne fait donc partie ni du staff technique officiel ni de la fédération, et ne peut en aucun cas être impliqué dans la préparation de l’équipe en vue du Championnat du monde prévu du 22 août au 7 septembre 2025 en Thaïlande. Une position tranchée qui révèle l’ampleur des dissensions internes.
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Ce bras de fer autour du sélectionneur est en réalité le reflet d’un conflit plus ancien. Depuis près de deux ans, Julien Serge Abouem et Bello Bourdanne se disputent la présidence de la fédération. En avril 2025, le Tribunal de grande instance de Yaoundé a pourtant annulé l’élection de Bourdanne et confirmé Abouem comme président légitime de la Fécavolley. Malgré cette décision, Bourdanne continue de revendiquer le poste, soutenu par certains acteurs politiques, ce qui ne fait qu’aggraver la crise.
Le ministère des Finances, suivant les décisions de justice, a refusé de débloquer des fonds pour l’équipe mise en place par Bourdanne, compliquant davantage la préparation des Lionnes. Résultat : deux présidents, deux bureaux exécutifs, deux sélectionneurs… pour une seule équipe nationale. Une situation kafkaïenne qui fragilise dangereusement le volleyball camerounais.
À trois mois de la compétition mondiale, cette dualité pourrait compromettre la participation du Cameroun. En effet, la FIVB exige un strict respect des procédures administratives et juridiques ,seuls les documents émanant de la fédération reconnue légalement seront considérés comme valides. À défaut, le Cameroun risque tout simplement l’exclusion.
Les joueuses, premières victimes de cette crise, voient leur préparation parasitée par les querelles institutionnelles. Le duel Abouem-Bourdanne dépasse largement les enjeux sportifs : il met en lumière les failles de la gouvernance fédérale et l’instrumentalisation politique du sport. Une sortie de crise rapide est désormais vitale pour préserver l’unité, assurer une préparation digne de ce nom et défendre l’honneur du Cameroun sur la scène internationale.
Inès Kouna Nomo
