Dans la nuit du 28 au 29 juin 2025, Fatima Koné a été couronnée Miss Côte d’Ivoire, lors de la grande finale tenue au Parc des expositions d’Abidjan. À peine élue, la jeune femme de 23 ans, originaire du Hambol, a été propulsée au cœur d’un débat houleux. Entre critiques frontales et messages de soutien, son élection divise.
Une contestation virulente sur la scène publique
Certains acteurs du milieu culturel et médiatique ivoirien n’ont pas caché leur déception. C’est le cas de Stoni, animateur et producteur, qui remet en cause la direction prise par le concours :
« Au comité d’organisation, je veux dire ceci :
Quand on parle d’excellence de la beauté ivoirienne, il faut se montrer cohérent.
Les critères doivent être clairs, respectés, assumés. (…)
Et on commence à avoir le sentiment qu’on choisit des Miss plus faciles à diriger que capables de diriger.
Plus obéissantes que charismatiques. »
Une position partagée par Kevin Obin, présentateur télé, qui exprime le malaise d’une partie du public :
« Pourquoi vous voulez nous faire culpabiliser même ?
On n’a pas dit qu’elle est vilaine. Elle est même très jolie.
On dit que c’est pas elle qu’on voulait.
Elle est déjà là, tant mieux pour elle.
Mais on ne voulait pas. On a le droit, non ? »
D’autres voix appellent à l’acceptation et au soutien
Face aux critiques, certaines figures publiques ont tenu à nuancer ou à défendre la nouvelle Miss, appelant à davantage de bienveillance.
Awa Sanoko, ancienne Miss, reconnaît la déception tout en exprimant un espoir de transformation :
« Oui, Fatim n’est pas belle.
Oui, Fatim n’a pas la beauté d’une Miss.
Oui, Fatim fait très mannequin.
On sait, on a compris. Moi-même, je le dis et je confirme.
Fatim n’a pas la beauté d’une Miss, mais elle va l’avoir…
On va la façonner. Elle va sortir dans dos. »
D’autre part, Emmanuelle Keita, actrice, animatrice et influenceuse, plaide pour une reconnaissance du destin :
« Elle peut ne pas être notre choix.
Et d’ailleurs, j’ai eu longtemps à dire que ce n’était pas mon choix.
Mais la vie, elle, te montre toujours qu’il y a le choix du peuple,
et parfois, le choix de Dieu.
Et quand ces deux forces se rejoignent,
ce n’est plus une compétition.
Ce n’est même plus une élection.
C’est un témoignage.
C’est une grâce.
À toi, notre nouvelle Reine. »
Par ailleurs, un internaute traduit la pensée de nombreux anonymes prêts à soutenir malgré les réserves :
« T’étais pas ma favorite, d’ailleurs j’en avais pas.
Mais quelque chose me dit de te suivre de près,
que tu seras l’une des plus belles Miss que la CI ait connues.
Donc je t’apporte tout mon soutien dorénavant…
Félicitations ma Miss Fatima. Ça va bien se passer. »
Une Reine soutenue, un débat à recadrer
Dans ce climat nuageux, la voix de Marilyne Kouadio, Miss Côte d’Ivoire 2020, résonne comme un message d’apaisement et de sororité :
« À toi, notre nouvelle Reine.
Je sais combien les premiers pas peuvent être éprouvants,
surtout quand la lumière attire aussi l’ombre des critiques.
Mais n’oublie jamais que cette couronne t’a été confiée pour une raison.
Tu l’as méritée. Tu la portes avec allure. Tu la portes pour nous toutes.
Les mots blessants ne définissent pas ta valeur.
Ta présence, ton intelligence, ton authenticité sont déjà une réponse éclatante à ceux qui doutent.
Laisse-les parler.
Toi, avance.
De tout cœur avec toi dans cette aventure.
Brille. Élève-toi. Inspire.
Nous sommes à tes côtés.
Avec toute ma bienveillance,
Marilyne Kouadio
Miss Côte d’Ivoire 2020. »
Au-delà des réactions à chaud, l’affaire Fatima Koné met en lumière un malaise plus profond : celui d’un espace numérique où la frontière entre critique et violence est trop souvent franchie. Une élection ne devrait jamais servir de prétexte au harcèlement. Exprimer un désaccord est un droit, mais il ne doit jamais faire oublier le devoir de respect.
Elsa Daniele Monti