Le cigare entre les doigts, chapeau vissé sur la tête, les lunettes de soleil bien posées, Maréchal Papillon est un visage bien connu de la scène culturelle camerounaise. Depuis plus de 35 ans, le musicien et défenseur des droits des artistes a conquis le public. Mais sur le champ politique, doit-on s’attendre à la même harmonie ?
Dans le paysage musical camerounais, Maréchal Papillon est une figure marquante. Né Ferdinand Din Din Motaguigna, il a fait ses preuves à Paris avec une valise pleine de maquettes et des rêves plein la tête. Son style unique, empreint de l’énergie vibrante de son rythme signature, le Sakissa, a su capter l’attention, faisant de lui un incontournable du répertoire camerounais.
Les débuts dans la musique
Entré en musique dans la seconde moitié des années 80, après des études bien accomplies en électricité et bâtiment, Maréchal Papillon a bâti sa carrière sur un rythme entraînant (le Sakissa) et un orchestre dont il est aussi le fondateur (Pizza Dance International). Il fut découvert en 1989 par un mastodonte de la musique camerounaise, Guy Lobe, désormais regretté. Et celui-ci l’accueillera par la suite à Paris alors que le jeune Papillon y déposait sa valise remplie de chansons en maquettes.
Avec des tubes mémorables tels que L’Amour et la Misère, Ali Bomayé, Cacao-Café et Mélanie, Maréchal Papillon s’est fait une place dans le répertoire local. Cependant, ses paroles, souvent jugées “tendancieuses” ou “olé olé”, le rangent dans la case des artistes “particuliers”. Des refrains comme lave-moi sans me délacer sont automatiquement suggestifs, tout en continuant de faire danser.
Un artiste engagé
Au-delà de ses succès musicaux, Mota Nguinia a toujours été un fervent défenseur des droits des artistes. En tant que président du Comité musical de lutte contre la piraterie (CMLCP), il œuvre sans relâche pour garantir que la voix des créateurs soit entendue et respectée. Dans les années 2000, il en fait son cheval de bataille.
Le frère aîné de l’artiste Mama Nguéa, qu’il introduira à la musique, est aussi un promoteur culturel par excellence. De nombreux grands spectacles sont le fruit de ses qualités d’organisateur d’événements.
Papillon a à son actif plus d’une vingtaine d’albums en solo, sans compter de nombreuses collaborations en featuring avec des icônes comme Manu Dibango, Papa Wemba, Salif Keita, Meiway, ou en tant qu’arrangeur et producteur.
Papillon : maux et jeux de mots
Vers les années 2010, l’artiste montre une facette plus drôle de sa personnalité. Il se fait beaucoup remarquer sur les plateaux télé et, encore aujourd’hui, sur les réseaux sociaux grâce à ses punchlines qui ne passent pas inaperçues. Avec des phrases célèbres comme les lois ne sont pas les loisirs. Des notes d’humour, toujours dans la dénonciation des couacs de notre société.
Avec plus de 35 ans de carrière, Maréchal Papillon est une figure emblématique de la musique camerounaise. Est-ce suffisant pour convaincre les électeurs ? Ces derniers s’interrogent déjà sur le sérieux de son implication pour le scrutin de 2025, jugé crucial pour l’avenir du Cameroun.
Elsa Daniele Monti
