Ancré dans la musique depuis sa tendre enfance, né d’un père musicien, Junior Abega s’initie tôt à la musique. Ayant touché à la fois à la console mais aussi aux instruments de musique, c’est en composant les mélodies du Mbolè qu’il devient populaire. Pour en savoir plus sur sa personne et son parcours, entretien avec l’arrangeur.
Qui es-tu, Sa Majesté Junior Abega ?
Je suis Junior Abega, beatmaker, arrangeur musicien et cofondateur du label Nsalen Production. Mon univers, c’est la musique urbaine avec une touche d’authenticité africaine. Derrière chaque son, chaque voix, chaque émotion que tu entends, il y a une oreille, une vision. Et cette oreille, c’est la mienne.
Comment t’es-tu retrouvé derrière les platines ?
C’est presque une destinée. J’ai commencé par passion, en bidouillant des sons, puis très vite, c’est devenu un mode d’expression. J’ai voulu offrir un espace aux artistes pour se révéler. En outre, j’ai construit un studio pour donner une vraie profondeur à leur musique. Mais sans oublier qu’il y a aussi beaucoup d’influence de mon feu père, qui était ingénieur du son. Aujourd’hui, c’est derrière les machines que je m’exprime le mieux.
Comment détectes-tu un bon beat ?
Un bon beat, ça se ressent. Il doit parler, même sans les paroles. Si, dès les premières secondes, tu hoches la tête, si ton corps suit naturellement, c’est qu’il y a quelque chose. Le groove, l’émotion, l’originalité… tout doit s’aligner. Et surtout, le beat doit laisser de la place à l’artiste.
Comment se passe un enregistrement en studio avec toi ?
C’est un vrai voyage. Je commence toujours par écouter l’artiste, capter son univers, son énergie. Ensuite, on construit ensemble. Il y a un travail technique, mais aussi humain. Je pousse chaque artiste à donner le meilleur. Et je ne laisse rien passer : justesse, intensité, intention. C’est du sur-mesure.
À quel moment as-tu compris que tu étais un faiseur de stars ?
Quand j’ai vu l’impact de sons comme Happy d’Efoulan ou Kankan Boy, Le car qui part, etc., j’ai compris que ce n’était pas juste du son. Ces titres ont marqué les esprits, ils ont changé la trajectoire de ceux qui les interprétaient. C’est là que j’ai vu que mon travail pouvait faire décoller une carrière.
Comment positionnes-tu le Mbolè par rapport aux autres rythmes musicaux ?
Le Mbolè, c’est l’ADN de la rue, c’est notre réalité mise en son. Il est brut, vivant, puissant. Mais il faut le structurer, le professionnaliser pour lui permettre d’atteindre un public encore plus large. Ce n’est pas un sous-genre, c’est un langage. Et il mérite une place aux côtés des grands rythmes mondiaux.
Quels sont tes projets à venir ?
J’en ai beaucoup. Déjà, continuer à faire éclore des talents. Je travaille sur un projet d’album live qui rassemble différentes influences du pays. Je veux aussi lancer une série de masterclasses pour former la nouvelle génération de beatmakers, principalement sur les rythmes locaux de chez nous. Et, à terme, créer une plateforme musicale 100 % africaine.
Manu NKAMA