Né le 29 mars 1962 à Bafoussam, Narcisse Kouokam, figure majeure de l’humour camerounais, est décédé le 10 août 2025 après avoir marqué la scène artistique nationale.
Depuis les années 1980, il s’est imposé comme l’un des humoristes les plus emblématiques du pays, mêlant finesse, satire et critique sociale. Tout commence pour lui alors qu’il est encore élève à l’école publique de Tsinga. Son premier sketch, nommé L’Homme pressé, est encore basique, mais au collège, il affine sa plume et propose La Voiture diplomatique, qui deviendra un de ses textes phares.
Jeune humoriste, Narcisse Kouokam est influencé par des figures comme Ambroise Mbia, acteur camerounais fondateur des Rencontres théâtrales internationales du Cameroun, et c’est en participant à l’émission Roue libre de Lucien Mamba sur Radio Cameroun dans les années 1980 qu’il est repéré.
Ayant coanimé l’émission Tam-Tam Weekend avec le chanteur François Misse Ngoh, émission de télévision de culture et de divertissement diffusée sur la chaîne nationale, il continue de se perfectionner dans l’humour, si bien qu’il est invité en 1985 à prester pour la première fois au Palais de l’Unité.
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Surnommé “L’ayatollah de l’humour”, dans ses comédies, il touche aux sujets les plus sensibles et marque sa génération en produisant une diversité de sketchs autour du vivre-ensemble, des campagnes électorales, de la polygamie, de la cupidité ou encore de l’orientation socioprofessionnelle des jeunes.
Parmi ses têtes populaires, La coupe est pleine, Le discours dort, Appelez-moi honorable, Le Téléphone circulaire et Le Mariage de Miché, sketch dans lequel l’artiste incarne le personnage d’un député dont le fils est en formation à Paris, et plusieurs autres.
Le talent de Narcisse Kouokam est reconnu au-delà des frontières de son pays natal. Il est invité à prester lors de la campagne présidentielle d’Omar Bongo Ondimba en 1998. De même, lors de la commémoration des victimes de l’esclavage transatlantique devant le Secrétaire général Ban Ki-Moon, mais aussi à l’Assemblée générale des Nations Unies en 2009.
En 2019, il célébrait ses 35 ans de carrière à Yaoundé, lors d’un spectacle mémorable alliant one-man-show et théâtre, et lors de cet évènement, le créateur du personnage de renom du “PDG des établissements pompes funèbres La Bonne Mort” a remis à jour des sujets tabous : la polygamie, la corruption, les absurdités administratives. Il partage à cette occasion l’affiche du Palais des congrès de Yaoundé avec la jeune génération humoristique, notamment Basseek Fils Miséricorde, Jeanne Mbenti, Hoga et Major Assé, entre autres.
Par ailleurs, en 2022, à Yaoundé, l’artiste racontait de manière satirique ses 60 ans de conneries à l’occasion de son soixantième anniversaire, en parlant au public de son voyage en 2035, date symbolique projetée pour l’émergence du Cameroun.
L’annonce de sa mort a été faite par son fils Franklin Kouokam, qui a indiqué que l’artiste avait été opéré il y a 18 jours et était resté dans le coma jusqu’à son décès.
Narcisse Kouokam, dont les œuvres sont très appréciées même au-delà des frontières camerounaises, meurt à l’âge de 63 ans et laisse derrière lui un héritage sans pareil. Il reste un humoriste et un animateur de talent, un modèle pour la jeune génération.
Manu Nkama