La sélection nationale du Cameroun traverse une nouvelle zone de turbulences. Un enregistrement audio, devenu viral ces derniers jours, révèle une altercation d’une rare violence verbale entre le sélectionneur des Lions Indomptables, Marc Brys, et le coordonnateur des sélections nationales, Timothée Atouba.
L’incident, qui se serait produit quelques minutes avant le coup d’envoi de la rencontre Cameroun – Eswatini le 4 septembre, jette une lumière crue sur les fractures internes d’un staff censé incarner discipline, unité et professionnalisme.
Une dispute symptomatique d’une désorganisation chronique
Selon plusieurs sources proches de la tanière, la tension aurait éclaté suite à un désaccord administratif autour de la feuille de match officielle. Le sélectionneur belge aurait découvert que le nom de son adjoint, Mununga, avait été retiré sans son aval. Une décision qui aurait déclenché un affrontement verbal avec le team manager, Timothée Atouba.
Dans l’audio diffusé sur les réseaux sociaux, Brys aurait proféré des insultes injurieuses et misogynes à l’endroit de son collaborateur, parlant de « pute de l’autre ». Atouba, furieux, réplique avec fermeté, dénonçant un manque de respect intolérable et exigeant que cela ne se reproduise plus.
Si les tensions entre entraîneurs et dirigeants ne sont pas rares dans le football de haut niveau, l’utilisation d’un tel langage, à la fois déplacé et dégradant, constitue une entorse grave aux standards de management dans une sélection nationale.
Dans ce bras de fer, aucun camp ne sort grandi.
Marc Brys, en premier lieu, a failli à ses responsabilités de leader. Un sélectionneur est censé incarner l’autorité, la sérénité et le respect dans un vestiaire. En usant de propos insultants, il a sapé la cohésion de son staff et porté atteinte à l’image des Lions Indomptables.
Timothée Atouba, pour sa part, bien que victime d’une insulte, a lui aussi manqué de maîtrise en réagissant sur le même ton conflictuel. En tant que cadre administratif, il se devait de privilégier l’apaisement et de gérer ce différend par les canaux hiérarchiques, plutôt que d’alimenter une scène qui s’est transformée en scandale public.
Cette confrontation révèle surtout l’absence d’une chaîne de commandement claire et d’un cadre de fonctionnement harmonisé entre la direction technique, l’encadrement administratif et la FECAFOOT.
Une fuite qui expose des fractures profondes
Au-delà des mots échangés, une autre question dérange : comment un tel enregistrement, capté dans un cadre supposément fermé, a-t-il pu se retrouver dans l’espace public ?
La diffusion de cet audio illustre l’existence de lignes de fracture internes et de luttes d’influence au sein de la sélection. Qu’il s’agisse d’un acte de sabotage ou d’une manœuvre de déstabilisation, cet épisode témoigne d’un climat délétère où la confidentialité et la solidarité font défaut.
Dans un contexte où les Lions Indomptables doivent préparer des échéances majeures, notamment la CAN au Maroc, de tels dérapages risquent de fragiliser la préparation mentale et de ternir durablement la crédibilité de l’encadrement technique.
Quelle réponse institutionnelle ?
Face à cette crise, la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) ne peut rester passive. Deux axes d’action paraissent incontournables :
1. Sanction disciplinaire : les propos injurieux de Marc Brys ne peuvent rester impunis. Un rappel solennel aux valeurs de respect et de professionnalisme s’impose.
2. Enquête interne : il est indispensable de déterminer l’origine de la fuite et de sanctionner les responsables d’une telle atteinte à la confidentialité de la sélection nationale.
Sans une réaction rapide et ferme, le ministère des sports et la FECAFOOT prendraient le risque de laisser s’installer une crise d’autorité aux conséquences durables.
Un symbole d’une gouvernance fragilisée
L’affaire Brys–Atouba dépasse le simple cadre d’un échange houleux. Elle met en lumière les fragilités structurelles d’une sélection qui peine à retrouver sérénité et discipline.
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Entre querelles internes, fuites médiatiques et absence de vision commune, l’équipe nationale semble minée par des conflits de leadership qui affaiblissent son image sur la scène internationale.
Le Cameroun, nation historique du football africain, mérite mieux que des règlements de comptes internes transformés en spectacle public. La reconstruction d’une gouvernance stable et respectueuse est désormais une urgence absolue pour redonner aux Lions Indomptables leur grandeur et leur crédibilité.
WILFRIED NGOMSEU