En pleine campagne électorale, la rédaction de SCN a décidé de faire le point sur la présence des artistes lors des meetings et rassemblements. Sont-ils sur scène ? Quelles personnalités musicales se sont démarquées ces derniers jours ? Éclairage avec SCN.
Le 12 octobre prochain, les Camerounais se rendront aux urnes pour choisir qui gouvernera le pays durant les sept prochaines années. S’il y a quelques mois encore, le choix du candidat créait l’effervescence dans le milieu artistique, on se demande aujourd’hui où sont passés les artistes sur la scène.
De l’appel aux urnes à l’absence sur scène
Pourtant, en 2024 déjà, les artistes musiciens se lançaient dans la précampagne électorale en vue des élections de 2025. De Kareyce Fotso à Lady Ponce, en passant par Moustik le Krismatik et Ben Decca, ils exhortaient déjà les Camerounais à s’inscrire sur les listes électorales pour pouvoir prendre part activement à la vie politique du pays.
Le message était clair : il est temps de passer de la parole aux actes et d’agir pour le changement. Si l’appel aux inscriptions sur les listes électorales a fonctionné, sur les scènes de meetings, les artistes sont étrangement peu représentés, et c’est particulièrement vrai pour ceux de la nouvelle génération.
La “saison d’or” ignorée
Alors que, dans un post, le beatmaker Ekie Bozeur décrivait la campagne électorale comme « le moment de la moisson pour l’industrie créative », insistant sur le fait que la période des élections présidentielles est « bien plus qu’un simple exercice civique : c’est une saison d’or pour notre industrie ! C’est le moment où les budgets de communication se débloquent, où les chiffres explosent et où l’écosystème créatif doit se servir », de nombreux artistes préfèrent éviter le sujet et se concentrer sur leurs carrières, et ce, pour plusieurs raisons.
Pour les rares qui choisissent de prester, comme l’humoriste Massa Yacop, l’objectif principal est de faire le plus d’argent possible, peu importe le parti. Il l’affirme sans détour : « Je suis un artiste du peuple, la politique, ça ne me dit rien, je dis bien “la politique, ça ne me dit rien”. Si les gens du RDPC m’invitent pour la campagne, je pars ; les gens du SDF m’invitent pour la campagne, je pars ; les gens du PURS. Tous ceux qui me sollicitent pour mon humour m’invitent, je pars. »
Il a néanmoins tenu à nuancer son propos : « Mais si je vois quelque chose qu’un parti politique fait qui n’est pas bien, moi, je vais le dire… comme les gens du RDPC là, je leur ai dit cash qu’il faut qu’ils laissent aussi quelqu’un se débrouiller. Les gens de Cabral Libii, j’ai dit qu’il faut d’abord qu’ils arrêtent avec leur tribalisme là. Les gens du PURS, j’ai dit qu’il faut que le PURS apprenne à s’identifier, apprenne à s’imposer. (…) Voilà la politique qu’il y a déjà dans l’art, les artistes sont déjà devenus des politiciens. Mais les faux politiciens sont là, personne ne prend les vraies positions. »
D’autres artistes se retrouvent dans la même situation, notamment Belka Tobis, qui n’hésite pas à mettre son talent en avant lors de meetings, peu importe la formation politique, que ce soit celle de Cabral Libii ou celle de Paul Biya.
Une faible représentativité
Depuis le début de la campagne, peu d’artistes ont été plébiscités pour assurer le show : Amat Pierrot, vu dans la région de l’Ouest pour le RDPC, ou encore Baba Sadou, figure emblématique de la musique sahélienne, surnommé le « roi du Sahel », qui a apporté son soutien à Issa Tchiroma Bakary, président national du FSNC.
Est-ce tout ? On s’attendait à plus.
Mallohx le vibeur n’avait d’ailleurs pas manqué de faire une sortie taclant les choix du RDPC en matière de représentativité artistique.
Par ailleurs, avant son retrait de la candidature, Maurice Kamto pouvait compter sur le soutien de nombreux artistes, humoristes et acteurs, notamment Fingon Tralala et Noëlle Kenmoe, qui, depuis, n’ont plus fait allusion à un nouveau candidat.
2018 vs 2025 : le recul
Si, cette année, beaucoup ne veulent pas prendre position, en 2018, les artistes étaient plus affirmés : One Love, qui avait écrit la chanson de propagande de Serge Espoir Matomba ; Petit Pays et Ben Decca, qui avaient chanté dans un meeting de soutien au président Paul Biya ; Longue Longue et Koko Ateba, qui étaient aux côtés d’Akere Muna, pour ne citer que ceux-là.
En 2025, peu d’artistes sont représentés dans cette élection présidentielle. Certains, comme l’a affirmé Ekie Bozeur, par « peur de l’impact sur leurs enfants », d’autres, par conviction personnelle.
La campagne se poursuit jusqu’au 11 octobre prochain. Reste à savoir si de nouvelles personnalités artistiques seront mises en avant d’ici là.
Manu NKAMA
