Dans une nouvelle liste mise en ligne par le magazine, les artistes africains anglophones sont en pole position, et occupent six places dans ce classement qui regroupe les plus grandes voix de la musique dans le monde. Un classement qui laisse le débat ouvert sur la place des artistes francophones dans la sphère musicale mondiale.
« Cette liste cherche à capturer toute la gloire chaotique de la musique contemporaine », a affirmé le magazine en dévoilant les titres les plus emblématiques de ce XXIᵉ siècle. Un large mélange de styles différents, de rythmes différents, de voix différentes est à retrouver. Certaines de ces chansons sont des succès universellement appréciés ; d’autres sont des classiques cultes influents.
Recensées en fonction de leur impact, de leur appréciation par le public, de leur création, ces airs qui viennent de partout sur la carte, de New York à Versailles, en passant par Lagos, sont un mélange de K-pop, de drill et de crunk, de country, d’afrobeats, et de bien d’autres.
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Les six chansons choisies pour représenter le continent africain sont :
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« Unavailable » de Davido, qui occupe la 243ᵉ place : titre sorti en 2023 et qui, selon Rolling Stone, est « comme un village vigilant en mouvement ». « Unavailable » avait déjà atteint la troisième place du classement Billboard U.S. Afrobeats Songs, une place de choix pour Davido qui ne cesse de confirmer son talent et sa notoriété à travers le monde.
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« Free Minds » de Tems, qui occupe la 232ᵉ place : titre devenu viral sur TikTok et Instagram, c’est un hymne pour les femmes noires, l’un de ses premiers morceaux, un extrait de son premier EP For Broken Ears de 2020, à partir duquel Future a sorti « Higher » pour son propre succès primé aux Grammy Awards. Selon le magazine, elle est devenue l’une des étoiles les plus brillantes du continent.
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« Woman » de Rema, classé à la 228ᵉ place, un titre qui a puisé ses origines dans les rythmes afrobeat traditionalistes et qui fait une ode à la gent féminine. Les paroles saisissantes du prodige nigérian et son allure de popstar ont permis à sa chanson de dépasser les 50 millions de streams sur Spotify. « Woman » est à la fois sérieux et acide – son piquant au grand cœur, où la vigueur du playboy rencontre la diligence usée par l’amour, est une grande partie de son charme. « Appelez-le un pop stomper polyamoureux pour les âges », a écrit le magazine.
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« Water » de Tyla, véritable phénomène viral, classé à la 135ᵉ place devant des artistes comme Kanye West, Lizzo, Taylor Swift ou encore Rihanna. Ce titre mérite amplement de se retrouver dans ce classement, car Tyla a su subtilement se glisser sur la scène mondiale pour s’imposer dans ce siècle. Ayant déjà remporté le Grammy de la meilleure performance musicale africaine, le titre « Water » a secoué le monde et continue de faire danser.
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« Last Last » de Burna Boy, classé 95ᵉ. Surnommé le « chef de la classe d’Afrobeats » par Rolling Stone, selon l’article, avec ses rythmes teintés de Brésil et son flow teinté d’Antilles, il mélange l’argot anglais, le yoruba et le nigérian pidgin d’une manière qui semble irrésistible, élargissant le vernaculaire de la pop. « Last Last » est un hymne qui a atteint le sommet du nouveau palmarès américain Afrobeats de Billboard, un titre complet qui a su faire voyager l’Afrobeat dans le monde entier.
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Le titre africain considéré comme le meilleur de ce XXIᵉ siècle est « Essence » de Wizkid, qui se classe dans le Top 30 et occupe la 22ᵉ place, première chanson d’un artiste nigérian à figurer dans le Hot 100 de Billboard, des milliards de streams à travers le monde et un héritage intemporel pour les générations futures. C’est THE hit pour Rolling Stone, celui qui est le plus abouti et qui représente assez bien les rythmes venus d’Afrique de l’Ouest.
La première place est occupée par Missy Elliott, et son titre « Get Your Freak On » sorti en 2001.
Qu’en est-il des artistes francophones ?
Dans ce classement des 250 meilleures chansons de ce XXIᵉ siècle, aucun titre venu de l’Afrique francophone, et une question qui crée les débats : pourquoi cette absence ?
Dans les commentaires, certains accusent la langue, le choix des musiques mises dans ce classement étant essentiellement celles en anglais. Classement fait par un tabloïd américain, ce qui pourrait justifier l’absence — une barrière de langue qui, pourtant, ne devrait avoir aucun impact sur le talent.
Pour d’autres, il est question de rayonnement à l’international. Les artistes nigérians, notamment, sont très souvent vus sur les tapis rouges de grandes scènes et cérémonies, les Grammy Awards en l’occurrence et jamais un artiste francophone n’a encore pu atteindre ce niveau.
Pour d’autres encore, le XXIᵉ siècle a commencé le 1ᵉʳ janvier 2001 et les chansons de l’année 2000 appartiennent au XXᵉ siècle. Or, dans la liste, de nombreux titres auraient été mis de côté, l’article ayant mis l’accent sur les titres de ces 15 dernières années.
Le souci vient-il de la qualité de la musique ? Du message véhiculé ? De la communication ? De l’image que renvoient les artistes francophones ? Autant de questions qui laissent libre cours aux discussions. Pour l’instant, Himra de Côte d’Ivoire est celui qui est le plus susceptible de se frayer plus facilement un chemin dans cette sphère, au vu de ses chiffres et de ses stats.
Aucun Camerounais n’a été cité, autant dans les commentaires que dans les différentes analyses, un constat amer qui implique de se poser la question suivante : quelle est la place de la musique camerounaise dans le rayonnement international ?
Manu NKAMA