Le scénario redouté s’est produit. Au terme d’un duel crispant et sans éclat offensif, le Cameroun a concédé un nul stérile (0-0) face à l’Angola, ce lundi au stade Ahmadou Ahidjo, lors de la 10ᵉ et dernière journée des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. Un résultat au goût amer qui pourrait bien sceller le sort des Lions Indomptables, désormais suspendus aux résultats des autres groupes pour espérer décrocher un ticket pour les barrages continentaux.
Pourtant, les hommes de Marc Brys avaient toutes les cartes en main. Maîtres de leur destin avant le coup d’envoi, les Camerounais savaient qu’une victoire suffisait à prolonger le rêve. Mais entre domination stérile, maladresses dans le dernier geste et manque de tranchant collectif, les Lions se sont heurtés à une muraille angolaise d’une discipline tactique exemplaire.
Dès l’entame, le Cameroun a monopolisé le cuir, imposant un pressing haut et cherchant à étouffer l’adversaire. Mais la possession s’est avérée stérile : beaucoup de volume, peu de verticalité. Le premier frisson viendra paradoxalement des Palancas Negras, à la 41ᵉ minute, sur une frappe lourde repoussée par André Onana. Et juste avant la pause, le portier de Manchester United a dû s’employer à détourner un coup franc vicieux sur sa transversale un avertissement sans frais.
Au retour des vestiaires, Marc Brys pousse ses pions. Le Cameroun hausse le tempo, cherche à dynamiter le bloc angolais. Mbeumo, Avom, Nkoudou tous butent sur un gardien en état de grâce. Le portier angolais, impérial sur sa ligne, sort coup sur coup deux arrêts réflexes qui maintiennent son équipe à flot. Derrière, les Camerounais multiplient les centres, les combinaisons, mais la finition reste aux abonnés absents.
Les minutes s’égrènent, la tension monte. À la 67ᵉ, Zambo Anguissa manque de peu le cadre. Deux minutes plus tard, les Angolais, en contre, rappellent qu’ils ne sont pas venus pour défendre leur nul : nouvelle frappe sur la barre. Le sort semble scellé, le Cameroun sans idée, sans tranchant, sans miracle.
Et comme un symbole, la dernière occasion viendra à la 90+3ᵉ minute. Sur un centre millimétré de Bryan Mbeumo, Vincent Aboubakar, entré en sauveur, place une tête puissante — encore repoussée par un gardien angolais infranchissable. Rideau.
Un nul frustrant, presque cruel, tant les Lions semblaient dominer sans jamais maîtriser. Et désormais, le Cameroun n’a plus son destin en main. Une situation qui interroge forcément le projet Marc Brys. L’entraîneur belge, arrivé dans un climat de tension institutionnelle, avait promis un football plus lisible, plus conquérant. Mais à l’heure du bilan, son équipe a manqué d’identité offensive, d’efficacité et de constance dans les moments décisifs.
Pendant ce temps, le Cap-Vert écrit l’histoire en dominant l’Eswatini (3-0) et décroche sa première qualification à une phase finale de Coupe du Monde. Un contraste saisissant : pendant que certains célèbrent l’accomplissement d’un rêve, le Cameroun, quintuple mondialiste, s’enfonce dans le doute et les regrets.
À Yaoundé, les Lions n’ont pas rugi. Et s’ils veulent retrouver la grande scène mondiale, il leur faudra plus qu’un sursaut : une véritable sérénité entre le staff technique et l’instance faîtière du football camerounais.
WILFRIED NGOMSEU