Né le 29 octobre 1950 à Bandjoun (Ouest du Cameroun), Tala est un chanteur non-voyant camerounais dont l’impact musical dépasse les frontières de son pays, sa voix unique continue de bercer des générations, et sa résilience ajoute un charme à sa personne. Bien plus qu’un artiste, André Marie Tala est un monument de la musique camerounaise qui a inspiré les plus grands à travers le monde.
Sa carrière musicale commence lorsqu’il fabrique sa première guitare à base de fil de nylon et s’applique à imiter le plus fidèlement possible les rythmes qui berçaient son enfance. À l’âge de dix-sept ans, il succombe à la déferlante de la chanson française. Son idole est Johnny Hallyday, car il est influencé par ses sonorités et ses accords.
Au milieu des années 1960, il fonde son premier groupe musical, les ”Rock Boys”, avec lequel il interprète ses premières compositions : ‘’Les peines du travail’’, ‘’Honore ton père et ta mère’’. Le succès est immédiat. Suivent alors les premiers contrats et concerts à travers l’Afrique. Les “Rock Boys” deviennent les “Black Tigers” avec pour guitariste un jeune, Sam Fan Thomas. Le groupe prend deux années pour se constituer un solide répertoire, signe son premier contrat professionnel dans un cabaret à Bafoussam.
À vingt ans, sa rencontre avec Manu Dibango est déterminante. Ce dernier lui conseille de se tourner vers les maisons de disques françaises. Il s’envole alors pour Paris et signe un contrat avec Decca. Talla compose alors les titres ‘’Sikati’’, ‘’Potaksina’’, arrangés par Manu Dibango et vendus à plus de 80 000 exemplaires, et ‘’Namala ébolo’’ : plus de cent mille disques vendus.
Moments marquants de sa carrière
En tournée au Cameroun en mai 1974, James Brown, conquis par le titre « Hot Koki » d’André Marie Tala, « promet dès son retour d’en faire la promotion aux États-Unis ». Le pape de la Soul emporte l’exemplaire que lui remet en main propre Tala. Quatre mois plus tard, l’album Everybody’s Doin’ the Hustle & Dead on the Double Bump sort avec en avant le titre « Hustle » mis en ligne sous le nom de James Brown. Mêmes accords, même mélodie, paroles adaptées de la langue maternelle de l’artiste camerounais, le plagiat est flagrant. Renaldo Cerri, l’éditeur français de Tala, intente alors une action en justice sur le sol américain. Le procès dure quatre ans. Le Camerounais le remporte : 15 % des recettes du titre lui sont restitués. Mais la victoire morale est plus importante, la reconnaissance d’avoir pu laver son honneur et son talent devant le monde entier.
Dans son parcours, le président François Mitterrand l’a cité lors d’une visite officielle au Cameroun, en juin 1983, et des extraits de ses chansons figurent dans les livres de classe de cinquième en France.
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En décembre 1984, à Paris, André-Marie Tala participe, aux côtés de nombreux autres artistes africains, à l’enregistrement du 45 tours, « Tam-Tam pour l’Éthiopie », un projet initié par Manu Dibango et réunissant une trentaine de musiciens et de chanteurs africains. Dépassant les frontières et les clichés, « Tam-Tam pour l’Éthiopie » sonne l’urgence de sauver des dizaines de milliers de vies dans une course contre la famine.
L’année 2013 marque les 45 ans de carrière d’André-Marie Tala. La célébration commence avec la sortie de son album « Trajectoire » et se poursuit avec une série de spectacles : le 29 novembre 2013 à Douala Bercy au Cameroun, le 17 mai 2015 à l’Olympia Bruno Coquatrix à Paris en France, le 3 septembre 2016 à Montréal au Canada, le 24 septembre 2016 à Washington aux États-Unis et le 8 avril 2017 au centre culturel d’Uccle à Bruxelles en Belgique.
En 2024, il a célébré ses 55 ans de carrière en compagnie d’autres artistes. Dans son palmarès, une vingtaine d’albums à succès dont « Je vais à Yaoundé », « Bendskin », « Tala 81 », « Black woman », « Arabica », « Mother Africa », « Notre fille », « Tu m’as menti », « Fiesta », « Super Tchamassi », « Bendskin beats », « African Funk expérimental », « The Best of vol. 2 », « Sources des montagnes », « Trajectoire« …
Dans tous ses albums, Tala André Marie met en avant le Bendskin, un rythme local qui se joue avec des tam-tams qu’il modernise avec des guitares et du Wah-Wah (pédale pour guitare) et le Tchamassi, un mélange d’afrobeat et de makossa, créé par lui-même.
Ses récompenses
Prix de la jeune chanson francophone – décerné le 9 février 1978 par le maire de Paris
Prix Charles Humelle – Décerné en 1980 par la SACEM
Épi d’or – FENAC (Festival national des arts et de la culture du Cameroun) en décembre 1998
Meilleur chanteur de variétés pour l’Afrique centrale – Koras 2000 – Sun City (Afrique du Sud)
Officier de l’ordre de la Valeur Officier de l’ordre de la Valeur du Cameroun (2016,
chevalier en 2014) et bien d’autres.
Un artiste à la vision du monde unique
André Marie Talla, auteur-compositeur, arrangeur, interprète, claviériste, guitariste virtuose et percussionniste a une vision unique du monde ! Comparé depuis ses débuts à Stevie Wonder à cause de leur handicap commun (la cécité) et de leurs talents , André Marie est un artiste hors pair. Il prône les valeurs humaines de paix, de concorde et d’amour.
Souvent inspirés du quotidien, ses textes séduisent la majorité. Il se pose en observateur des maux de la société et en prescripteur de solutions, s’appuyant souvent sur des proverbes. Chaque chanson véhicule une philosophie, invite à la réflexion et prône le renforcement de l’unité nationale.
Manu NKAMA
