Le rideau s’est levé sur la 35ᵉ édition de la Coupe d’Afrique des nations dans un écrin à la hauteur de l’événement. Au stade Prince Moulay Abdellah de Rabat, le Maroc a offert au continent une cérémonie d’ouverture majestueuse, mêlant patrimoine, modernité et ambition africaine. Une entrée en matière à forte charge symbolique, avant que les Lions de l’Atlas ne prennent le relais sur la pelouse pour signer une victoire inaugurale aussi précieuse que structurante face aux Comores (2-0).
Dans une atmosphère incandescente, portée par un public acquis à sa cause, la sélection marocaine savait qu’elle n’avait pas droit à l’erreur. Pays hôte, favori assumé, le Maroc devait composer avec une pression maximale et un adversaire sans complexe. Si le score final traduit une certaine autorité, le contenu, lui, a longtemps oscillé entre tension, imprécisions et manque de fluidité.

Un premier acte sous contrainte tactique
Dès l’entame, Walid Regragui a opté pour un dispositif résolument offensif, articulé autour d’une possession haute et d’un jeu de position visant à étirer le bloc comorien. Mais face à un adversaire regroupé en bloc médian-bas, compact entre les lignes et discipliné dans les couvertures, les Lions de l’Atlas ont peiné à trouver des angles de pénétration.
La circulation du ballon manquait de verticalité, les appels entre les lignes étaient insuffisamment synchronisés et les dédoublements sur les côtés trop prévisibles. Les Comores, bien organisées dans leur repli défensif, ont su fermer l’axe et casser le tempo, multipliant les fautes intelligentes pour hacher le jeu. Résultat : une première période laborieuse, où la maîtrise territoriale marocaine ne s’est pas traduite en occasions franches.
Le coaching comme déclencheur
Au retour des vestiaires, le Maroc a changé de visage. Plus agressifs à la récupération, plus justes techniquement et surtout plus rapides dans la transmission, les Lions ont progressivement asphyxié leur adversaire. Le pressing à la perte s’est intensifié, les latéraux ont pris davantage de hauteur, et les projections depuis le milieu ont enfin déséquilibré le bloc comorien.

C’est dans ce contexte que Brahim Diaz, évoluant entre les lignes avec une grande liberté, a fait parler sa qualité de pied et son intelligence de jeu pour ouvrir le score. Une frappe clinique, née d’un temps fort prolongé, qui a libéré tout un stade et une équipe jusque-là sous tension.
Quelques minutes plus tard, Ayoub El Kaabi a définitivement fait basculer la rencontre. Sur une action de rupture parfaitement exploitée, l’attaquant marocain a inscrit un but spectaculaire, symbole de la montée en puissance collective et de l’efficacité retrouvée dans le dernier tiers.
Regragui lucide, mais confiant
En conférence de presse, Walid Regragui n’a pas cherché à masquer les imperfections. Conscient des difficultés inhérentes à un match d’ouverture, il a insisté sur la gestion émotionnelle et la capacité de son groupe à rester fidèle à ses principes de jeu malgré l’enjeu. Le sélectionneur a salué l’impact décisif de ses remplaçants et la justesse de ses ajustements offensifs face à un adversaire très regroupé.
Seule ombre au tableau : la sortie sur blessure de Romain Saïss, touché au genou. Un point d’inquiétude pour l’équilibre défensif, même si le staff médical se veut rassurant et que la profondeur d’effectif permet d’envisager la suite avec sérénité.
Un succès fondateur
Côté joueurs, le discours est unanime. Élu homme du match, Brahim Diaz a rappelé que la CAN est avant tout une compétition de résultats, où chaque match exige patience et pragmatisme. Nayef Aguerd a reconnu une première période en deçà des standards habituels, tandis qu’Anass Salah-Eddine, pour sa première CAN, a souligné l’émotion particulière de jouer à domicile devant un public omniprésent.
Grâce à ce succès, le Maroc s’installe provisoirement en tête du groupe A et se place dans des conditions favorables avant un rendez-vous autrement plus exigeant face au Mali. Un test grandeur nature pour jauger les véritables ambitions des Lions de l’Atlas et confirmer que cette victoire inaugurale, acquise dans un contexte lourd de symboles, marque bien le début d’une CAN maîtrisée et assumée.
WILFRIED NGOMSEU
Crédit photo : LUI-MÊME







