Elles y ont cru jusqu’au bout, les Lionnes Indomptables. Mais ce mardi soir, à Bepanda, le rêve s’est brisé net, dans le silence lourd d’un stade qui espérait encore un miracle. Le Cameroun s’incline 1-0 face à une Algérie plus tranchante, plus lucide, et dit adieu à la CAN féminine 2026. Une élimination amère, la deuxième consécutive, qui laisse un goût de trop peu.
Un rêve qui s’effondre
Tout avait pourtant commencé avec l’énergie de l’espoir. Battues 2-1 à l’aller, les Lionnes savaient qu’elles n’avaient plus le droit à l’erreur. Dès les premières minutes, elles ont mis de l’intensité, du cœur, de la foi. Chaque ballon était disputé comme une promesse, chaque attaque portée par le souffle d’un public qui refusait d’y croire encore. Mais en face, l’Algérie a fait preuve d’un réalisme froid et d’une sérénité implacable.

À la 25e minute, Marine Dafeur trouve la faille d’une frappe croisée imparable. Un éclair dans la nuit de Douala, un coup de massue pour tout un peuple. Les Lionnes pousseront, tenteront, s’épuiseront, mais rien ne changera. Un seul tir cadré avant la pause, quelques opportunités mal exploitées après, et une inefficacité offensive qui aura, une fois encore, coûté cher.
Quand le coup de sifflet final retentit, les visages se ferment. Certaines jouent les fortes, d’autres laissent couler les larmes. Dans les tribunes, les applaudissements montent, sincères, déchirants. Car malgré la défaite, ces femmes ont combattu, fièrement, jusqu’à la dernière seconde.

Un échec de trop
Mais au-delà de l’émotion, une question persiste : qu’arrive-t-il aux Lionnes Indomptables ?
Cette élimination n’est pas un simple accident de parcours. Elle s’inscrit dans une série d’échecs qui en disent long sur l’état du football féminin camerounais. Entre la Coupe du Monde manquée et cette CAN qui s’envole, le Cameroun semble avoir perdu sa griffe.
Le jeu collectif ne convainc plus, les automatismes manquent, et la finition reste le talon d’Achille d’une équipe pourtant talentueuse. Jean-Baptiste Bisseck, peine à trouver la formule gagnante. Ses choix tactiques toujours non convainquant , ses ajustements tardifs et la gestion parfois confuse du groupe nourrissent le doute.
Mais réduire cette défaite au seul banc de touche serait trop facile. Le mal est plus profond : un championnat local sous-financé, un encadrement technique inégal, et un manque criant d’investissements structurants. Pendant ce temps, des nations comme le Maroc, le Nigeria, la Zambie ou l’Algérie avancent, construisent, croient.

Et maintenant ?
L’heure n’est plus aux regrets, mais à la reconstruction. Le Cameroun doit se regarder en face et oser le renouveau. Former autrement, investir durablement, redonner de la confiance à ces Lionnes qui, malgré tout, continuent d’honorer le maillot.
Elles n’ont pas démérité. Elles ont juste manqué de ce supplément de lucidité et de soutien qui transforme les efforts en exploits. Ce mardi soir à Bepanda, elles ont perdu un match, mais elles ont rappelé au pays entier que la passion existe encore fragile, blessée, mais vivante.
Le rugissement s’est tu, oui. Mais il reviendra. Parce qu’une Lionne blessée ne meurt jamais : elle guérit, se relève et rugit encore plus fort.
WILFRIED NGOMSEU







