Devenu un phénomène mondial, le film qui dure 1 heure 45 minutes divise la scène cinématographique camerounaise, entre acteurs qui dénoncent le manque d’engouement des fans quand il s’agit des productions camerounaises et cinéastes qui s’inspirent de l’œuvre pour rendre les films camerounais « meilleurs ».
« Janiyah Wiltkinson est une mère célibataire vivant dans un appartement délabré avec sa fille Aria, souvent malade. Face à une série d’événements malheureux qui la mènent sur un chemin inattendu, elle se retrouve empêtrée dans une situation qu’elle n’aurait jamais imaginée. » Un film mêlant action et drame, une signature de Tyler Perry avec au casting des acteurs de renom tels que Taraji P. Henson, qui tient le rôle principal.
Selon la critique, il s’agit d’une œuvre originale tournée en 4 jours seulement mais qui se positionne comme l’un des films les plus en vue du moment. Si tout le monde semble séduit par le projet, au sein de la sphère cinématographique camerounaise, les avis sont assez mitigés.
Réagissant comme la plupart des cinéphiles de par le monde, acteurs, cinéastes, passionnés de cinéma donnent leurs avis.
Pour certains, il s’agit d’un projet de qualité qui doit susciter un éveil des consciences sur les œuvres à proposer au monde, comme l’a affirmé le réalisateur René Elome, n’hésitant pas au passage à recadrer les réalisateurs et les scénarios souvent proposés :
« Franchement, ce film, c’est comme une masterclass ! Vous avez des budgets qui feraient rougir un roi, mais vous êtes incapables de nous offrir des films de qualité ! Des films qui reflètent notre société avec des histoires originales. Dans nos films et séries camerounais, on tourne toujours autour des mêmes sujets : l’amour à gogo et la vie de famille, mais où est la passion ? Ces histoires ne captivent pas et n’éveillent même pas nos émotions ! À part quelques pépites ici… Et ces décors naturels qui pourraient raconter mille histoires ? Des acteurs qui veulent imiter les auteurs ? Non, on préfère les salons de luxe ! Et puis, les mêmes acteurs en boucle… On a besoin de diversité, les amis. »
Pour Thierry NTAMACK, notamment connu pour des films à succès comme « Le Blanc d’Eyenga », « Ne crains rien je t’aime » : « Y’A RIEN ICI DANS CE FILM que les Camerounais ne puissent faire SI culturellement nous faisons de LA FORMATION DANS LES MÉTIERS DU CINÉMA UNE PRIORITÉ !!!!!! », se faire former pourrait amener à avoir ce type de productions et même mieux.
Axel Abessolo, acteur camerounais, élu meilleur acteur aux derniers Écrans Noirs, a écrit :
« Ma voisine très en colère ce matin dit, je cite : “Ils font alors là comme s’ils regardaient trop les films. On ne peut même plus scroller Facebook tranquillement sans voir la femme-ci. Les Camerounais, quand ils veulent montrer aux gens qu’ils sont à la mode hein, un peu un peu oooo j’ai coulé les larmes tssssupppp !” Et tu ne les verras jamais faire ça pour un film de chez eux. »
Une sortie jugée déplacée par certains, notamment par Romanie Ngueko, communicatrice et passionnée d’art, qui a affirmé :
« Les acteurs du cinéma 237 ont déjà commencé à faire les suggestions des films à regarder au lieu de parler du chef-d’œuvre de Tyler Perry. Vos films, après les sorties, combien en font la promotion ? Ou bien la production a tout bouffé ? Comment regarder un film dont on n’a jamais entendu parler ? Bref. »
En réponse, l’acteur a renchéri :
« Comme vous cherchez les larmes là. Voilà 70 films camerounais pris au hasard. Si tu n’as pas regardé ne serait-ce que 5 d’entre eux, ne parle plus du cinéma du continent, tu le connais mal. Mbom on est prêt, c’est l’argent qui manque !!! »
Accompagné de 70 affiches de films camerounais sortis depuis des années, des classiques du cinéma camerounais et de nouvelles œuvres.
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Cette effervescence autour du film « Straw », c’est aussi une occasion de soulever « le manque de solidarité du public camerounais, toujours apte à soulever ce qui vient d’ailleurs », a écrit l’actrice et productrice camerounaise Stéphanie TUM :
« Puissions-nous, en tant que Camerounais, mettre la même énergie dans la promotion de NOS PROPRES films que nous mettons actuellement dans la promotion de ceux étrangers ! La question n’est plus : “Quels films font-ils ou où pouvons-nous les regarder ?” Nous avons mis en place des solutions et continuons à travailler sur des solutions pour combler le fossé entre nos films et notre public. Si vous êtes un fan des films de Nollywood, sachez que nous faisons des films tout aussi géniaux, dont beaucoup sont disponibles sur les mêmes plateformes sur lesquelles vous regardez des films de Nollywood. Maintenant, prolongez cet amour au vôtre. C’est ainsi que nous soutenons et construisons notre industrie, en faisant parler et envier les surfaces. C’est ainsi que nous continuons à croître, à nous améliorer et à devenir une industrie financièrement viable qui crée des emplois et contribue au PIB du pays. Essentiellement, nous avons besoin de votre soutien maintenant plus que jamais. »
Pour l’heure, le film “Straw” s’impose comme étant numéro un sur Netflix, et le film le plus regardé du moment. Et pour ce qui est des productions camerounaises, des films à succès comme « The Fisherman’s Diary » de Kang Quintus ou encore « Broken » de Syndy Emade sont disponibles sur Netflix ; et sur YouTube, notamment sur Oraimo TV de Blaise Option et sur STEPHANIE_TUM_TV, plusieurs projets sont à voir.
Pour ceux qui préfèrent les salles de cinéma, les festivals comme le Festival Écrans Noirs sont des lieux par excellence pour valoriser le cinéma camerounais.
Manu NKAMA
