Le 17 mai dernier, le Palais des Sports de Yaoundé était the place to be afin de célébrer les 40 ans de carrière d’Effata, Rabba Rabbi A.K.A Petit Pays. Entre fans peu nombreux, retard, newcomers aux chansons atypiques, selon des mélomanes et des hommes de médias, le show n’a pas su satisfaire tout le monde.
Manu NKAMA
Dès 17 h, les premiers fans ont commencé à envahir l’esplanade du lieu indiqué pour ne rien rater de ce qui était annoncé.
Quarante ans de carrière, ce n’est pas quarante jours. C’est un moment marquant pour un artiste, et plus encore pour la légende Petit Pays qui n’a plus rien à prouver sur la scène musicale camerounaise. Entre récompenses à travers le continent et au-delà, et titres indémodables, pour cet événement, l’équipe d’organisation de ce concert a voulu allier nouvelle et ancienne génération, mais tout ne s’est pas forcément passé comme prévu.
Avec plus de 50 albums à son actif, quatre disques d’or et des records de vente qui défient le temps – notamment son album Class F/M, écoulé à plus de 50 000 exemplaires en une journée –, ce concert avait tout pour tenir ses promesses. Mais, selon des hommes de médias, il a manqué « une communication accrue du projet et une vraie organisation ».
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« Au regard du statut et de la stature de Petit Pays au Cameroun, considéré comme une légende, sans fioritures, je pense que c’est un échec. » Pour celui qui est considéré comme le tenant du titre depuis 87 et qui a bercé plusieurs générations de Camerounais, la célébration de ses 40 ans de carrière devrait normalement se dérouler au Stade Omnisports. Ne pas pouvoir remplir le Palais des Sports, qui est une salle de 5 200 places, est consternant pour moi. Toutefois, je salue l’initiative de ces jeunes qui ont tenu à célébrer Petit Pays et qui ont décidé d’organiser le 40ᵉ anniversaire de sa carrière. C’est un acte louable, un acte inédit et sans précédent.
Toutefois, à cause du manque de sponsors et de véritables partenaires, ils n’avaient pas assez de moyens pour un matraquage publicitaire, sans omettre le public camerounais qui ne soutient pas assez ses artistes », affirme Yahaya Idrissou, journaliste.
Autre point évoqué : les artistes qui ont assuré la première partie du spectacle. Entre « tenues jugées extravagantes » et « titres vides de sens », pour certains fans, le choix a été fait de façon aléatoire. Pour eux, choisir des no name en première partie de Petit Pays était un gros échec ; les artistes connus de la nouvelle génération auraient dû gérer pour davantage chauffer le public. « J’ai été déçue. La première partie doit pouvoir nous aider à garder l’énergie, mais là, ce n’était pas le cas. Tout a été fait pour nous décourager : un coup on chantait, un autre on s’ennuyait. Je m’attendais à plus », confie Inés Sandra à SCN.
Pour Inés, ce flop est aussi lié au retard. Initialement prévu à 19 h, c’est à 21 h que les premiers artistes ont commencé à animer. Les « stars » elles-mêmes ont commencé à arriver à 00 h, et la guest est arrivée à 03 h du matin, une attente jugée « trop longue » même pour les fans qui, à cette heure, n’avaient plus vraiment d’énergie.
Pour d’autres, le concert n’a pas été le problème, mais le public : « C’était une réussite. Petit Pays a été célébré à sa juste valeur, comme il le fallait, et nous pouvons en être fiers. Nous pouvons juste regretter le fait que les Camerounais soient des fans sur les claviers, mais soient désormais incapables de sortir en masse pour porter un artiste qui est certainement le plus grand phénomène de l’histoire de notre musique. Sachant qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, il y aura certainement des marges de progression pour le prochain événement organisé par ce groupe de jeunes passionnés », estime Wata Romaric – spécialiste en marketing artistique.
Public peu attractif, salle pas assez enthousiaste, l’invité surprise de la soirée ENEO n’aura pas arrangé les choses. Néanmoins, pour Amélie Laure Mekamanga – CEO Meamla Media Digital : « Je dirais que ce concert était une réussite, puisqu’il s’agissait d’un concert organisé par la jeunesse pour honorer notre légende, et surtout sans sponsors (à préciser). Cette salle mythique du Palais des Sports a vu plus de 3 000 personnes venues uniquement pour célébrer cette légende. Les fans de Rabbi ont répondu présents, la preuve : les tickets de 50 000 étaient les plus prisés. Une telle organisation n’est pas évidente, mais pour avoir fait partie de l’organisation, ça a été un succès, malgré la petite panne électrique qui n’a découragé aucun Camerounais à attendre leur idole. On va s’améliorer. »
Ce concert du 17 mai au Palais des Sports de Yaoundé, pour la célébration des 40 ans de l’artiste, était une première partie ; d’autres shows sont prévus cette année, notamment dans d’autres villes, Douala et peut-être Bafoussam. Le but étant, pour la star, de communier avec son public et de revisiter son catalogue riche de titres à succès.
Manu NKAMA
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