Ce lundi 26 mai, l’Institut Français de Douala a accueilli la soirée d’ouverture de l’acte 3 du Festival Danse 237.
Deux spectacles étaient au programme, deux propositions artistiques intenses et habitées, où la danse dépasse largement le cadre esthétique pour devenir un véritable outil de réflexion.
Quand le corps dénonce, enseigne et réveille
La soirée s’ouvre avec « Contact », une création du chorégraphe Olivier Mouandjo, figure bien connue de la scène camerounaise. Sur scène, les corps se déplacent, s’évitent, s’approchent sans jamais se toucher. Mouandjo met en lumière une société connectée mais profondément déconnectée de l’essentiel : le contact humain. À travers une gestuelle précise et une mise en scène épurée, « Contact » interroge nos modes de vie contemporains, où les écrans prennent le pas sur les relations réelles, où les émotions se filtrent par emoji, et où le toucher devient presque étranger. Les danseurs de La Cabane de la Danse livrent une performance forte, vibrante de sens.
Une quête intérieure portée par le mouvement
Place ensuite à « Dans la peau d’un autre », signé Chris Karl, pour un moment plus intime mais tout aussi intense. Ici, la danse devient introspection. Un personnage, seul en scène, explore les couches multiples de son identité. Il incarne les rôles qu’on lui a imposés : enfant, citoyen, reflet des attentes sociales, avant de s’en libérer pour retrouver ce qu’il est, profondément. Le message est simple, mais percutant : s’accomplir, c’est d’abord apprendre à se connaître. La chorégraphie, brute et sincère, traduit ce cheminement intérieur avec force et sensibilité.
Cette première soirée du Festival Danse 237 n’était pas seulement un rendez-vous artistique. C’était une immersion dans un langage du corps qui parle au cœur et à l’esprit. Olivier Mouandjo et Chris Karl nous rappellent que la danse n’est pas qu’un spectacle. C’est un cri, une question, une lumière posée sur nos contradictions et nos désirs d’être.
Le public, loin d’être simple spectateur, a vécu ces performances comme des expériences à part entière. En moins de deux heures, les artistes ont offert bien plus que des chorégraphies : ils ont ouvert un espace de dialogue, de doute et de vérité.
Elsa Daniele Monti