Dans un communiqué posté sur leurs plateformes, la Société nationale camerounaise de l’art musical, l’organisme agréé aux fins de la gestion collective du droit d’auteur de l’art musical au Cameroun a annoncé la répartition des droits d’auteurs à remettre aux artistes pour le mois de septembre. Un montant jugé dérisoire par de nombreux artistes qui crient au scandale.
Régi par la loi nᵒ 2000/011 du 19 décembre 2000, protégeant les œuvres littéraires et artistiques dès leur création, sans formalités d’enregistrement, les droits d’auteurs sont une obligation pour les artistes et s’inscrivent dans le cadre des engagements internationaux du Cameroun, notamment en tant que membre de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) et de la Convention de Berne.
Au Cameroun, les droits d’auteurs ont toujours créé un véritable conflit entre artistes et administration. En avril dernier par exemple, une centaine d’artistes camerounais avaient déjà organisé un sit-in devant la Primature pour exiger le paiement de leurs droits d’auteur. Leur objectif étant d’obtenir l’intervention du Premier ministre afin qu’il fasse pression sur la chaîne publique CRTV pour le versement des sommes dues. Selon eux, près d’un milliard de francs CFA (environ 1,52 million d’euros) leur est indûment retenu par la Société camerounaise de droit d’auteur (SONACAM), chargée de la redistribution financière de ces droits.
Cependant, en réponse à cette montée de tension, le Premier ministre avait convoqué une réunion d’urgence avec des représentants des artistes et les responsables du ministère des Arts et de la Culture.
Cette fois c’est le communiqué de la SONACAM qui fait parler la toile. Mis en ligne le 06 octobre, le contenu « porte à la connaissance des membres de la SONACAM que les paiements de la répartition du 30 septembre 2025 débuteront le 07 octobre, un montant forfaitaire de 27 000 Fcfa à titre d’avance sur droit d’auteur ».
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La réaction des artistes et des acteurs culturels ne s’est pas faite attendre. Sur la toile, ils ont été nombreux à réagir, notamment Ledoux Marcelin, qui a écrit : « Dans son incompétence notoire, et son organe dirigeant donnent 27 000 F aux artistes Manu Dibango, Talla André Marie, etc. Pourtant Ateh Bazor en 5 ans a menti au ministre et aux artistes qu’il allait construire un immeuble-siège dans toutes les régions à hauteur de 40 milliards avec les Américains.5 ans, on donne 27 000 F pour tous les artistes pour les rentrées scolaires. De toutes les façons : « Ateh Must Go… ».
Isidore Tameu AKA Taphis, manager d’artiste, a également réagi : « Je ne sais pas si ce document est FAKE… Mais il se dit que la SONACAM veut tchoko 27 kolo aux artistes ? Ça correspond à quoi vu que ça ne peut pas être les droits d’auteurs, mann’n ! Ekieeeeeeeeeeee !!! C’est quoi ainsi ? Avance de répartition de droits, de quoi ? », un post qui a créé les débats de nombreuses personnes s’insurgeant sur le montant.
En février dernier, c’est Mani Bella qui s’insurgeait contre la SONACAM après une note de réclamation : « Cher SONACAM ! Ceci est un avertissement… La prochaine fois que vous passez chez moi à Pala Pala City, si je ne coupe pas le * de quelqu’un là-bas avec mes dents, enlevez mon nom ! Que ça soit la première et la dernière fois !!!!! Votre chance aujourd’hui c’est parce que je n’étais pas là. On serait tous à l’hôpital à cet instant. Tous les autres services peuvent me parler fort au Cameroun. Je vais rester tranquille mais vous là, même avec les mains, je vais vous traiter ! ESSAYEZ ENCORE DE VENIR CHEZ MOI !
Vous allez voir ce que vous n’avez jamais vu. EN PLUS DE 10 ANS DE CARRIÈRE, avec tout le succès que j’ai eu, la Sonacam m’a déjà donné mes droits d’auteurs ???? Vous me devez combien ???? L’artiste a un statut au Cameroun ???? Je fais mon petit établissement pour joindre les deux bouts, vous osez venir me brandir ce torchon ?????? QUE ÇA SOIT LA DERNIÈRE FOIS !!!!! La prochaine fois, je considérerai que c’est une violation de domicile, et je ne répondrai de rien ! JE VOUS INTERDIS FORMELLEMENT ET PUBLIQUEMENT DE REPOSER VOS PIEDS DANS MA PROPRIÉTÉ !!!!! FICHEZ-MOI LA PAIX !!!! Essayez encore de venir ! On verra… »
Comme eux, de nombreuses autres personnalités s’indignent depuis des années à cause des droits d’auteurs, un problème qui jusqu’ici ne trouve pas de solution, du moins un accord entre les artistes et les responsables de la SONACAM.
Pour l’heure, le président de la SONACAM et son équipe n’ont pas encore répondu.
Manu NKAMA