Actuellement en Centrafrique pour la 3ᵉ édition de l’atelier Écrire à Bangui, Sorelle Kemayou représente fièrement le Cameroun. La jeune écrivaine porte haut les couleurs de son pays lors de ce rendez-vous qui réunit de jeunes auteurs d’Afrique centrale autour de l’écriture de scénario.
Dans une interview exclusive accordée à l’équipe de SCN, l’écrivaine s’est livrée avec passion et franchise sur cette aventure.
Quelle a été votre réaction en apprenant votre sélection pour cette 3ᵉ édition d’“Écrire à Bangui”, en tant que représentante du Cameroun ?
Sorelle Kemayou :
Sans vouloir faire la mature, ma première réaction quand j’ai appris ma sélection pour la résidence d’écriture Écrire à Bangui, ça a été de sauter de joie, littéralement ! J’étais tellement heureuse. Sur plus de 120 candidatures, faire partie des 11 sélectionnés était déjà une immense fierté. Et quand j’ai découvert que j’étais la seule Camerounaise retenue, alors qu’il y avait plusieurs compatriotes en lice, mon cœur s’est rempli de gratitude. Mais surtout, ça m’a boostée à bloc. Je me suis dit : Tu es à ta place. Vas-y à fond, Sorelle.
Quels ont été les critères de sélection, et quel projet avez-vous soumis ?
Sorelle Kemayou :
Je ne connais pas exactement les critères de sélection, mais je peux expliquer le processus par lequel je suis passée. L’appel à candidatures a été lancé fin mars, si je me souviens bien. C’est mon amie Metabeel Mbounlari, actrice et make-up artiste, qui m’en a parlé en me partageant le lien. J’avais justement en tête une idée de scénario qui m’était venue quelques semaines plus tôt. Comme aucun thème n’était imposé, je me suis dit que je pouvais tenter le coup et soumettre ce projet.
En mai, j’ai reçu un mail m’informant que j’avais passé la phase de présélection. La suite consistait en un entretien téléphonique pour défendre mon projet et expliquer pourquoi je méritais de participer à cette résidence. La conversation n’a pas été simple à cause des problèmes de réseau, mais malgré cela, à la mi-juin, j’ai reçu le mail de confirmation : j’étais retenue pour la 3ᵉ édition d’Écrire à Bangui.
Le projet que j’ai proposé a pour pitch :
« Après un accident domestique, le petit Ekée Junior adopte un comportement troublant, affichant des souvenirs et des gestes qui ne lui appartiennent pas. Sa mère, Josiane, d’abord inquiète, finit par comprendre que quelque chose ou quelqu’un tente de lui faire passer un message. »
Comment vivez-vous cette expérience, sur place à Bangui ?
Sorelle Kemayou :
Je vis ça comme une vraie grâce, une opportunité précieuse que je veux saisir pleinement, mais surtout une expérience à vivre intensément. C’est la première fois que je quitte le Cameroun, et le faire pour apprendre, écrire, faire ce que j’aime… tout en étant la seule Camerounaise sélectionnée, c’est fou ! Je ne pense pas encore avoir pleinement réalisé ce que cela représente.
Pour l’instant, j’aime beaucoup la ville. J’ai déjà rencontré un autre résident, Chadrack Mbuyi, qui vient de la RDC. C’est très enrichissant de côtoyer des personnes venues d’ailleurs, de découvrir leurs univers, leurs regards. Et puis, l’équipe qui nous encadre est incroyable : bienveillante, disponible, très à l’écoute. On sent vraiment qu’ils tiennent à ce qu’on se sente bien, et ça me touche beaucoup. Franchement, je suis comblée.
Que représente l’écriture pour vous ?
Sorelle Kemayou :
L’écriture est mon moyen d’expression par excellence. C’est vraiment par elle que je parviens à déployer ma créativité de la manière la plus profonde. Ce que je n’arrive pas toujours à exprimer à l’oral, je le traduis par les mots.
Ce que j’aime par-dessus tout avec l’écriture, c’est qu’elle me permet d’explorer des univers, des réalités, des émotions… tout en les filtrant à travers ma sensibilité, mon regard. Et ensuite de les offrir aux autres, avec sincérité.
En somme, écrire et surtout créer des histoires, ce n’est pas juste un passe-temps pour moi. C’est une manière de me dire, de dire le monde, et de le transmettre sous une forme qui, je l’espère, touche.
Qu’attendez-vous de cette résidence, pour vous-même et votre carrière ?
Sorelle Kemayou :
Ce que j’espère tirer de cette résidence, à titre personnel, c’est une forme de dépassement. Je veux sortir de mes habitudes d’écriture, me confronter à d’autres méthodes, d’autres visions, d’autres imaginaires. Être dans un cadre structuré, entourée de professionnels et d’autres jeunes passionnés, me pousse à aller plus loin dans mon processus créatif.
Sur le plan professionnel, cette résidence représente une étape importante. Elle m’offre une crédibilité nouvelle, un accompagnement concret dans le développement de mon projet de scénario, mais aussi une ouverture sur le réseau du cinéma en Afrique centrale.
Et puis surtout, j’espère qu’en ressortira une œuvre forte, sincère, qui pourra un jour être portée à l’écran. Une histoire qui touche, qui interroge, qui laisse une empreinte. Parce que c’est ça aussi, l’ambition derrière mon écriture.
Sorelle Kemayou :
Merci infiniment à SCN pour l’intérêt.
Elsa Daniele Monti