Un coup de tête vers un joueur en guise de réponse à une contestation, et voilà comment l’arbitrage au Cameroun s’est enlisé dans une crise profonde, hier du côté de Yaoundé, dans le cadre des play-offs MTN ÉLITE TWO. Un geste, signature du statut d’intouchable des hommes en noir en cette fin de saison.
C’est un nouveau scandale sur l’arbitrage dont le championnat camerounais pouvait se passer. Hier à Yaoundé, lors de la quatrième journée des play-offs down MTN ÉLITE TWO, l’arbitre de la rencontre Isosha de Limbe contre Apejes de Mfou, Bomba Martin, a infligé un coup de tête cinglant au capitaine de la formation de Limbe, Jephte Arrey, suite aux contestations véhémentes de ce dernier ainsi que de ses coéquipiers. Une action surréaliste qui fait le tour des réseaux sociaux, tant sur le plan local qu’international.
Un geste qui en dit long sur la prestation des arbitres dits « maîtres du jeu ». En l’espace de quatre jours, supporters et observateurs du football camerounais ont tout vécu sur l’étendue du territoire : à Garoua, des penalties accordés en pagaille ; à Yaoundé, une fin de match annulant un but ; et à Douala, des buts accordés puis invalidés de manière instinctive. L’arbitrage camerounais aujourd’hui interroge, inquiète et consterne, au point de jeter le discrédit sur la quête de spectacle. Y a-t-il des explications à ce mal profond ?
La raison des émoluments tant désirés
Trois cent millions de francs CFA : c’est le montant que le collectif des arbitres réclamait fin avril à la Fédération camerounaise de football, synonyme d’arriérés de salaires cumulés sur trois saisons et demie. Face à cette longue attente, les hommes en noir des championnats professionnels sont entrés en grève pour contester l’inaction de la FECAFOOT. Cependant, certains parmi eux ont continué à diriger des rencontres. Ces derniers étaient-ils payés pour officier ? Quelles garanties avaient-ils ? Déjà à cette période, ces arbitres ont été sujets à des prestations vivement critiquées, à l’image de Ngah Willy, qualifié d’arbitre le plus « nul » et « corrompu » du championnat camerounais par la communauté de Coton Sport de Garoua.
La chasse aux promotions
La Fédération camerounaise de football a récemment alloué un montant de quatre-vingt millions de FCFA pour satisfaire les arbitres, une façon d’entrevoir le bout d’un long tunnel. Sauf que l’effort financier a été bafoué dans la foulée par une série de polémiques autour de l’arbitrage. Un autre objectif se cache derrière ces rencontres controversées : c’est la poursuite des promotions de tout genre. En effet, durant la période, il avait été réduit le nombre d’arbitres habilités à travailler en division professionnelle. La solution trouvée fut de ressortir certains officiels « mis au placard » afin de combler les trous causés par le manque. L’arbitre Ndanga Mundi, l’homme aux 7 matchs en une semaine, a été promu cette saison en MTN ÉLITE ONE. D’autres hommes en noir sont soumis aux ordres afin d’intégrer le collectif FIFA.
L’on se demande quel rôle joue la CCA (Commission Centrale des Arbitres) dans tout ce méli-mélo. Aucune sortie, aucune volonté d’éclaircir ou de rassurer par rapport à toutes ces polémiques. Un mutisme qui conforte ces arbitres contestés depuis des mois.
ABEL LONGA