À Douala, ce mardi 2 décembre, la salle de conférence de l’hôtel Bano Palace n’avait rien d’ordinaire : elle résonnait d’une énergie nouvelle, d’une ambition assumée. Dix femmes en situation de handicap y ont pris place, non pas comme simples participantes, mais comme futures actrices du changement politique au Cameroun. Au cœur de cette dynamique, une vision : rendre la femme handicapée visible, légitime et incontournable dans la vie politique nationale.
C’est tout l’objectif que s’est fixé l’association Handicapés et Fiers, portée avec détermination par sa fondatrice Michelle Sojip, grâce à un financement de l’Ambassade de France au Cameroun. À quelques semaines des élections législatives et municipales, cette initiative apparaît comme un signal fort, une réponse directe au besoin pressant d’inclusion et de représentativité.

Former pour libérer : les clés d’une participation politique réelle
Cette journée de clôture n’était pas qu’un cérémonial : c’était l’aboutissement d’un parcours intense de renforcement des capacités politiques. Les participantes ont été outillées sur les stratégies essentielles permettant de franchir les barrières qui, trop souvent, les excluent de l’espace public.
Parmi les priorités abordées :
Éliminer les obstacles juridiques et administratifs : L’accès aux documents d’identité reste l’un des principaux freins. Les ateliers ont insisté sur la nécessité de campagnes ciblées pour garantir actes de naissance, CNI et documents électoraux aux femmes handicapées.
Promouvoir des lois anti discriminatoires effectives : Des textes clairs, appliqués, qui bannissent toute discrimination basée sur le handicap ou le genre dans la participation politique.
Assurer l’accessibilité universelle : Rampes, ascenseurs, bulletins en braille, langue des signes, sites web accessibles, programmes politiques en formats adaptés… autant de mesures concrètes pour que chaque femme handicapée puisse voter, s’informer, débattre et même se présenter.
Mettre en place des transports adaptés pour leur permettre d’accéder aux bureaux de vote, aux réunions politiques et aux lieux de campagne.
Créer des réseaux, du mentorat et un soutien financier : Pour que l’engagement politique ne soit plus un luxe réservé à quelques privilégiés, mais un droit exercé par toutes.
Mieux comprendre pour mieux agir : Grâce à la collecte de données spécifiques sur les besoins réels des femmes handicapées, un élément indispensable pour concevoir des politiques publiques pertinentes.

Un projet qui ouvre les portes de la démocratie
Pour Michelle Sojip, ce programme n’est pas une simple formation : c’est un levier de transformation sociale, un outil pour que ces femmes deviennent les porte-voix de leurs communautés, les défenseures de leurs droits, des actrices à part entière de la démocratie camerounaise.
Appuyée par des organisations internationales comme iKNOW Politics ou Handicap International, la fondatrice de Handicapés et Fiers veut inscrire l’inclusion politique dans la durée, jusqu’à en faire une évidence dans le paysage électoral du pays.
Quand la politique devient inclusive, la société progresse
Au terme de ces ateliers, une certitude s’impose : lorsqu’on donne aux femmes handicapées les outils, les connaissances et la confiance nécessaires, elles ne se contentent plus d’attendre que les décisions se fassent pour elles ; elles prennent part à leur élaboration.
Grâce à cette initiative portée haut par Michelle Sojip, la politique camerounaise gagne de nouvelles voix, de nouvelles forces, de nouvelles perspectives. Et au-delà des discours, un message retentit : l’inclusion n’est pas une option, c’est la condition même d’une démocratie véritable.
WILFRIED NGOMSEU







