Ce 31 juillet 2025, le Cameroun s’est joint à l’ensemble du continent pour célébrer la 63ᵉ édition de la Journée internationale de la Femme Africaine. Une journée marquée par des prises de parole, des actions concrètes et une mobilisation multiforme autour d’un thème aussi profond qu’essentiel : « Faire avancer la justice sociale et économique pour les femmes africaines à travers les réparations ».
Une journée ancrée dans l’histoire des luttes féminines
Instituée à la suite de la Conférence des femmes africaines tenue à Dar es Salaam en 1962, puis officialisée avec la création de l’Organisation Panafricaine des Femmes (OPF) en 1963 à Addis-Abeba, cette journée puise ses racines dans les luttes pour l’indépendance, l’égalité et la reconnaissance des droits des femmes sur le continent.
En 2025, plus de six décennies plus tard, elle reste un espace de mémoire, de mobilisation et de projection vers l’avenir, où les femmes africaines réaffirment leur rôle central dans le développement de leurs sociétés.
Une mobilisation nationale plurielle et engagée
À Yaoundé, le Musée national du Cameroun a abrité une exposition inédite intitulée « Les pouvoirs de la Femme Africaine », mettant à l’honneur des figures féminines en bronze issues des traditions Tikar. Une cérémonie présidée par Marie Thérèse Abena Ondoa, ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, aux côtés d’Ismaël Bidoung Mkpatt, ministre des Arts et de la Culture.
Ce moment symbolique a permis de rappeler la richesse et la diversité des rôles assumés par les femmes dans les sociétés traditionnelles africaines, et de les inscrire dans les dynamiques actuelles d’émancipation.
Non loin de là, la salle AFCD a accueilli l’édition régionale du CIFA – Congrès international de la Femme Africaine. Ce forum a servi de tribune à des initiatives portées par des femmes, dans des domaines aussi variés que l’entrepreneuriat, le développement local, la culture ou encore l’engagement citoyen. Un véritable carrefour d’idées, de solutions et d’inspirations pour construire un avenir plus juste.
Par ailleurs, dans la localité d’Obala, la Délégation d’arrondissement de la Promotion de la Femme et de la Famille a organisé une descente au Marché Village. Encadrée par les autorités administratives, cette initiative a permis de vulgariser les missions du MINPROFF, de sensibiliser les femmes commerçantes sur les violences basées sur le genre, et de présenter la loi de 2024 relative à l’enregistrement des faits d’état civil.
Des échanges qualifiés de constructifs et porteurs d’espoir pour une meilleure inclusion des femmes rurales dans les politiques publiques.
L’urgence de la lutte contre les féminicides
Cette journée a également été marquée par une mobilisation contre les violences faites aux femmes, avec la participation active de plusieurs structures à la campagne portée par le collectif #Stop #Féminicides #237.
Selon les données partagées par le collectif, plus de 172 cas de féminicides ont été recensés au Cameroun, une réalité dramatique qui appelle à une prise de conscience nationale et à des mesures fermes.
Partout à travers le pays, cette Journée de la Femme Africaine a été l’occasion d’exprimer une volonté collective de faire évoluer les mentalités, les politiques et les structures en faveur des femmes. À travers expositions, forums, campagnes de terrain et dialogues ouverts, les femmes camerounaises ont réaffirmé leur place dans les dynamiques sociales, économiques et culturelles du pays.
Le message est clair : la justice sociale et économique passe par la reconnaissance, la réparation et l’action. Et les femmes africaines, au Cameroun comme ailleurs, sont prêtes à porter ce combat jusqu’au bout.
Elsa Daniele Monti