Le 23 avril célèbre la Journée mondiale du livre et des droits d’auteur. Cette année, l’UNESCO invite chacun à réfléchir à sa propre manière de lire, autour du thème « Lire à sa façon ».
Elsa Daniele Monti
Une invitation à s’approprier la lecture selon ses goûts, ses passions, ses besoins et, surtout, à en faire une pratique vivante et personnelle.
Lire selon ses besoins, ses envies
Pour Junior Haussin, écrivain et journaliste, « lire à sa façon », c’est avant tout reconnaître les mécanismes singuliers que chaque lecteur développe pour entrer en relation avec les livres. Ce sont aussi des gestes que l’on peut partager pour inspirer ceux qui ne lisent pas encore. « Il s’agit tout simplement d’un ensemble de gestes que l’on fait pour aimer la lecture, pour pouvoir lire au quotidien, et qu’on peut aujourd’hui rendre publics afin d’outiller d’autres personnes », explique-t-il.
Dans une société où la lecture est souvent perçue comme académique et contraignante, Junior Haussin propose une alternative : la lecture spécialisée. Lire des ouvrages en lien avec son métier ou ses centres d’intérêt permettrait, selon lui, de créer une habitude durable et plaisante. « Si vous êtes couturier, lisez sur la couture. Si vous êtes mécanicien, lisez sur la mécanique. La lecture doit être liée à notre activité », insiste-t-il. Lui-même, dans le cadre de son activité professionnelle, lit quatre livres par mois.
Redonner à la lecture sa liberté
Haussin critique également une vision trop scolaire de la lecture, encore dominante au Cameroun : « La lecture est trop perçue comme une corvée, que ce soit à l’école ou dans la vie réelle ». Il plaide pour une lecture ouverte, moins dépendante des programmes éducatifs, plus ancrée dans la réalité et les envies des lecteurs. Une lecture qui devient alors un moment de plaisir, d’évasion et d’apprentissage.
Lire pour se libérer et renaître
L’écrivaine Djaïli Amadou Amal rappelle, elle, que lire est un acte de libération. « Le livre me permet de m’évader et de revivre. Le livre est une voie de dénonciation, brisement de tabou et de libération. En ouvrant un livre, on peut être partout où on a envie. De changer même de siècle », déclare-t-elle au cours d’une émission télévisée. Une lecture vécue comme un chemin vers soi et vers les autres, une ouverture sur le monde et ses multiples réalités.
Et pour ceux qui doutent encore de leur rapport au livre, Junior Haussin répond sans détour :
« À ceux qui pensent que la lecture n’est pas faite pour eux, qu’ils ne lisent pas bien… Dans mon œuvre intitulée Banane malaxée, j’écris clairement que la lecture est capitale. Ce n’est pas une option, mais une obligation pour qui veut avancer dans la vie. »
Pour lui, il n’existe qu’une seule bonne façon de lire : celle qui aide à résoudre un problème existentiel. « La lecture va au-delà du roman et du théâtre. Pour toucher les passions, il faut détacher la lecture des genres classiques et la rapprocher de nos besoins personnels. »
Elsa Daniele Monti
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