Chaque 27 mars, la Journée mondiale du théâtre célèbre un art qui, bien que millénaire, peine à s’imposer face aux nouveaux modes de divertissement. Au Cameroun, le théâtre souffre d’un manque de reconnaissance et d’une confusion tenace avec l’actorat. Souvent réduit aux performances des comédiens, il est pourtant une discipline artistique complète, englobant l’écriture, la mise en scène et la scénographie.
Elsa Daniele Monti
Dans un contexte où le cinéma et les contenus numériques captivent le public, le théâtre peine à se faire une place. Pourquoi cet art autrefois florissant est-il aujourd’hui en perte de vitesse ? Et surtout, comment lui redonner l’éclat qu’il mérite ?
Un art mal compris et dévalorisé
Le théâtre ne se limite pas à la performance des acteurs. Il est une fusion d’éléments artistiques, allant du texte dramatique aux décors, en passant par une mise en scène réfléchie et une interaction unique avec le public. Pourtant, cette richesse est souvent occultée.
Au Cameroun, beaucoup assimilent encore le théâtre à de simples jeux d’acteurs, ignorant l’importance du travail des dramaturges, des metteurs en scène et des scénographes. Contrairement au cinéma, qui bénéficie d’un engouement croissant et d’une forte médiatisation, le théâtre reste marginalisé dans le paysage culturel.
Les raisons du déclin du théâtre camerounais
Un manque de financement et de soutien institutionnel
Les productions théâtrales nécessitent des investissements importants. Or, au Cameroun, les financements publics et privés sont rares. Les troupes de théâtre, souvent indépendantes, peinent à obtenir des ressources pour monter des spectacles de qualité.
Avec l’essor des plateformes de streaming et des réseaux sociaux, le public camerounais consomme majoritairement des contenus courts et accessibles, au détriment des représentations théâtrales. Le cinéma local, lui aussi en plein essor, capte une grande partie de l’attention, rendant encore plus difficile la promotion du théâtre.
Un manque de visibilité médiatique
Contrairement au cinéma et à la musique, le théâtre souffre d’un déficit de médiatisation. Peu d’émissions culturelles ou de critiques mettent en avant les productions théâtrales camerounaises, limitant leur impact sur le grand public.
Face à ces défis, il est urgent de mettre en place des stratégies pour redonner au théâtre la place qu’il mérite dans la culture camerounaise.
Mieux sensibiliser le public
Il est essentiel d’éduquer le public sur la richesse du théâtre en organisant des masterclass, des débats et des projections de pièces filmées. Cela permettrait de mieux comprendre son importance et de susciter un nouvel engouement.
Pour attirer les nouvelles générations, le théâtre doit s’adapter en intégrant des éléments interactifs, des effets visuels modernes et des thématiques actuelles qui résonnent avec le public camerounais.
Une collaboration entre le théâtre et le cinéma pourrait lui offrir une meilleure visibilité. Pourquoi ne pas filmer des pièces et les diffuser sur les plateformes digitales pour toucher un public plus large ?
Un renouveau possible ?
La Journée mondiale du théâtre est l’occasion de réfléchir à l’avenir de cet art au Cameroun. Tant qu’il sera confondu avec l’actorat et perçu comme un divertissement de second plan, il continuera de décliner. Pourtant, le théâtre est un espace de créativité, d’expression et de transmission qui mérite d’être revitalisé.
Soutenir les créateurs, moderniser les formats et revaloriser le théâtre comme un art majeur sont autant de pistes à explorer pour lui redonner ses lettres de noblesse. Car si le numérique a changé notre manière de consommer la culture, rien ne remplacera l’émotion unique d’un spectacle vécu en direct, entre la scène et son public.
Elsa Daniele Monti
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