À 93 ans, Paul Biya décroche un 8ᵉ mandat avec 53,66 % des voix, selon les résultats provisoires annoncés. Une réélection historique ou controversée, qui n’a pas laissé indifférent le monde culturel camerounais. Certains artistes comme Valery Ndongo, Maahlox ou encore Kocee ont choisi de s’exprimer publiquement. Entre appels à l’alternance, messages de désillusion ou simples interpellations sur l’avenir du pays, la rédaction de SCN vous embarque pour un petit tour d’horizon de ces voix qui, à leur manière, traduisent le pouls d’une jeunesse partagée entre résignation et espoir.
Dans une vidéo postée hier sur sa page Facebook, l’humoriste Valery Ndongo mentionne que « M. le président sortant, vous seul avez le pouvoir de stopper ce qui se prépare… Pour l’amour du Cameroun, faites ce qu’il faut. » Dans une vidéo de 9 minutes et 15 secondes, il exprime son ressentiment et son mécontentement face au système qui dirige le Cameroun depuis plus de quatre décennies. Pour lui, le problème est, je cite : « l’arrogance et le mépris de ceux qui nous gouvernent. Aujourd’hui, je vois les ministres, les DG, les hauts commis de l’État qui partent dans les villages, les arrondissements, dire aux gens : calmez-vous, calmez-vous. »
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Cependant, les attentes des Camerounais étaient autres : « Ce n’est pas ça que les gens attendaient de vous. Les gens attendaient de vous que vous travailliez. Les gens attendaient que vous donniez de l’avenir aux Camerounais, que vous fassiez les routes, que vous fassiez les ponts, que vous construisiez des écoles, des hôpitaux fiables, des hôpitaux où vous-mêmes vous puissiez vous soigner. Que vous donniez de l’eau potable aux gens. Que les gens soient en sécurité. Que les gens se sentent heureux et fiers d’être Camerounais au Cameroun. C’est de votre faute, tout ça. La responsabilité de ce qui arrive, ce n’est pas l’opposition, ce ne sont pas les opposants, c’est la faute du gouvernement. »
Des sorties comme ça, il n’est pas le seul. Le musicien Kocee, lui, s’interroge sur l’amour que les habitants de Bamenda, dans le Nord-Ouest Cameroun, éprouvent pour le président Paul Biya. « Je ne savais pas que les gens du Nord-Ouest aiment Paul Biya ainsi, hein ! Donc, vous aimez Paul Biya comme ça et vous ne m’avez pas dit ? » Une interrogation à laquelle il n’aura pas de réponse. Quand on sait que cette partie du pays est en crise depuis plus de huit ans.
Maahlox, artiste rappeur camerounais, quant à lui, a posté sur sa page Facebook il y a quelques heures : « Moi, je ne suis ni avec l’un ni avec l’autre. Pour moi, c’est juste deux vieillards qui ont “waka” soudé main dans la main pendant des dizaines d’années pour finir avec l’avenir des jeunes Camerounais. Quand c’était bon, ils étaient ensemble, chacun protégeait les arrières de l’autre. Le sucre était dans leurs bouches pendant que le peuple pleurait. Les deux sortaient nous narguer avec leurs “kankan” discours et retournaient “tchop” les milliards ensemble. »
Pour lui, tout cela n’est rien d’autre qu’un “sketch” dans lequel les citoyens ne sont que de simples figurants.
Des prises de parole comme celle-ci sont devenues légion depuis le soir du 12 octobre au Cameroun, révélant un profond malaise dans la jeunesse face à une classe dirigeante jugée déconnectée des réalités. Une chose est sûre : la scène culturelle camerounaise ne reste plus silencieuse face aux enjeux politiques du pays.
Japhet Mbakop Tchagha