Placée sous le thème « Révolution numérique et audiovisuel africain : intelligence artificielle et TNT, défis et enjeux pour une Afrique compétitive », la troisième édition du Salon International de l’Audiovisuel Camerounais (SINAC) s’est ouverte hier, 26 avril 2025.
Elsa Daniele Monti
La première conférence, autour de la question « Comment rendre les contenus audiovisuels africains attractifs à l’aide des nouvelles technologies ? », a posé les bases d’une réflexion profonde sur l’importance de connaître sa cible avant de miser sur la technologie.
Comprendre avant de produire : le vrai levier de l’attractivité
Dans un monde où l’intelligence artificielle, la TNT et les plateformes numériques redessinent les contours de l’audiovisuel, il serait tentant de céder à la fascination pour la technique. Mais la conférence d’ouverture a remis les pendules à l’heure : l’âme du contenu reste la connaissance intime du public.
Savoir à qui l’on s’adresse, saisir les rêves, les projets, les défis personnels de la cible est devenu un impératif. L’enjeu n’est pas simplement de capter une attention passagère, mais de créer une vraie identification : que les spectateurs se reconnaissent dans les récits proposés, qu’ils se sentent représentés, compris, inspirés.
Dans cette vision, la technologie n’est pas une fin, mais un moyen d’aller plus loin dans la proximité et la pertinence des contenus.
Les œuvres doivent aussi traverser les générations : même dans cent ans, elles doivent encore donner envie d’être vues. Cela exige des créations originales, authentiques et connectées profondément aux réalités et aux aspirations du public africain.
Innover oui, mais au service des réalités africaines
Ce plaidoyer pour un audiovisuel enraciné dans les réalités locales rappelle que l’innovation doit toujours être contextualisée. Innover pour innover n’a aucun sens si le contenu final ne parle pas aux Africains, dans leur diversité, leurs ambitions, leurs luttes quotidiennes.
Aujourd’hui plus que jamais, l’audiovisuel africain a l’opportunité de se réinventer sur ses propres bases, loin des modèles importés ou des tendances dictées par des algorithmes étrangers. Il s’agit de fabriquer des histoires qui ressemblent aux spectateurs africains, qui résonnent avec leur vécu et nourrissent leur imaginaire.
Le SINAC 2025 nous rappelle que le vrai défi n’est pas seulement technologique : il est humain, identitaire, créatif et intemporel. Un contenu fort, original et sincère saura non seulement capter l’attention aujourd’hui, mais aussi s’inscrire durablement dans la mémoire collective.
Elsa Daniele Monti
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