Il débarque sur scène comme une tornade : lunettes fumées, casquette vissée sur la tête, flow incisif et présence magnétique.
Le public explose. Derrière le micro, une voix reconnaissable entre mille crache des vérités, des rêves et des révoltes. Son nom ? Stanley Ebai Enow. Mais tout le monde l’appelle Stanley Enow, Bayangi Boy, King Kong, ou encore le Hein Père national. Ce fils de Bafoussam, né à Bamenda et grandi dans le Sud-Ouest, est bien plus qu’un rappeur. Il est une institution, une voix générationnelle, un modèle pour une jeunesse camerounaise qui rêve plus grand.
De Bafoussam à l’Afrique : l’ascension d’un outsider
Tout commence dans les salles de classe du Government Bilingual High School de Bafoussam. Là, le jeune Stanley noircit ses cahiers de rimes et perfectionne ses pas de breakdance, influencé par les clips américains qui tournent en boucle à la télévision. En 2007, cap sur Douala pour des études en journalisme économique. Il y anime des émissions radio, produit du contenu et prête sa voix à de grandes marques. Mais en coulisses, il peaufine sa véritable passion : la musique.
La bombe explose en 2013 avec “Hein Père”, un tube viral devenu hymne national. Ode à la débrouillardise, au courage et à l’audace, la chanson hisse Stanley Enow sur le toit du hip-hop camerounais. Les Balafon Music Awards le consacrent, Trace Africa le diffuse en boucle, et la jeunesse urbaine se reconnaît dans ce style hybride mêlant rap, pidgin, français et anglais.
Une carrière construite au mérite, à la sueur et à la vision
Stanley Enow ne s’endort pas sur son premier succès. Il enchaîne avec “TumbuBoss”, puis devient, en 2014, le premier Camerounais à remporter un MTV Africa Music Award, dans la catégorie Best New Act. Une première historique. Les prix s’accumulent : AFRIMMA, Urban Music Awards, Cameroon Academy Awards…
Il collabore avec des stars africaines telles que Davido, Ice Prince, Fally Ipupa ou encore le Sud-Africain F.A.B.. Mais derrière les paillettes, Stanley travaille dur. Il comprend que la musique est aussi une industrie. Il fonde son label Motherland Empire, peaufine son branding, investit dans sa communication et transforme chaque concert, chaque clip, chaque apparition publique en acte stratégique.
Un artiste au service de sa communauté
Derrière l’icône, un homme ancré dans sa culture, conscient de son rôle social. Stanley Enow n’a jamais hésité à se positionner comme modèle pour la jeunesse. Ses textes parlent de pauvreté, d’injustice, de rêves brisés, mais aussi d’espoir, de résilience et d’amour pour l’Afrique. Il multiplie les actions sociales, participe à des campagnes de sensibilisation, encourage les jeunes à se former, à créer, à croire en eux.
En 2023, il crée la surprise en remportant le prix du Meilleur artiste africain de l’année aux Urban Music Awards au Royaume-Uni, devant des poids lourds comme Rema, Tems, Wizkid, Burna Boy ou Libianca. En 2024, il décroche une nomination aux Grammy Awards, dans la catégorie Best African Performance : une consécration.
Stanley Open Day : l’héritage vivant
Pour ses 12 ans de carrière, Stanley revient au pays. Du 19 au 21 juin 2025, il sera la tête d’affiche du Living Together Festival à Yaoundé. Moment fort : le Stanley Open Day, une exposition immersive retraçant son parcours — archives inédites, trophées, tenues de scène, photos de tournée. Des masterclasses sur la musique, le cinéma, l’entrepreneuriat, la finance ou encore le Made in Cameroon enrichiront l’événement. Une manière pour l’artiste de transmettre et d’inspirer.
Car c’est peut-être là, dans cette volonté de partage, que se mesure la véritable grandeur de Stanley Enow : sa capacité à allier réussite personnelle et impact collectif.
À 40 ans, Stanley Enow continue d’écrire sa légende, sans compromis, sans renier ses racines. Il ne se contente pas de faire des hits : il bâtit des ponts, trace des voies, ouvre des possibles. Il est l’image d’un Cameroun audacieux, moderne, conquérant.
Et tant qu’il restera des rêves à défendre, le King Kong du Mboa ne déposera pas le micro.
Elsa Daniele Monti