Une récente prestation de Lady Ponce a enflammé les réseaux sociaux, non pas pour sa performance musicale, mais pour sa tenue jugée trop audacieuse. Entre critiques dénonçant « l’indécence » et messages de soutien saluant sa liberté artistique, le débat met en lumière les tensions persistantes entre liberté d’expression artistique, normes sociales et attentes du public camerounais.
La scène comme espace d’expression visuelle
Les réactions à la dernière tenue de Lady Ponce ont été à la hauteur de sa visibilité. Certains internautes s’inquiètent d’une image qui, selon eux, brouille les repères du genre musical. « Elles nous font croire que le bikutsi, c’est seulement la pornographie et la dépravation des mœurs », déplore l’actrice comédienne Diane Mekongo, qui rappelle que « les pères fondateurs du bikutsi étaient très pudiques ». D’autres défendent l’artiste : « Quand ce sont Beyoncé ou Rihanna, vous regardez bouche bée ; quand ce sont vos sœurs, vous hurlez », écrit un internaute, soulignant un possible double standard. Un autre, plus nuancé, invite à prendre du recul : « Après tout, c’est sa vie. On aurait juste aimé garder l’image d’une femme qui portait bien le bikutsi. »
Sur les scènes camerounaises, les chanteuses construisent leur identité aussi par le style vestimentaire. La tenue de scène, pensée pour capter l’attention et accompagner la performance, devient un outil stratégique. Dans des genres comme le bikutsi, l’afro-pop ou le coupé-décalé, les choix esthétiques sont souvent marqués : combinaisons moulantes, paillettes, transparence, coupes osées. Pour certaines artistes, ces éléments participent à une mise en scène assumée du corps et d’une féminité libre.
Entre visibilité, liberté et attentes sociales
Ces réactions illustrent une tension bien réelle entre liberté artistique et exigences sociales. D’un côté, le public attend du spectacle, de la présence, parfois même de la transgression. De l’autre, il continue d’évaluer ces performances à l’aune de normes souvent conservatrices. L’image scénique devient alors un enjeu, un espace d’affirmation, mais aussi de surveillance.
La question dépasse le simple vêtement : elle touche à la place de la femme dans la société, à sa légitimité à occuper l’espace public selon ses propres codes. Peut-on tout montrer au nom de l’art ? Doit-on tout juger au nom de la morale ? Le débat reste ouvert, et la scène, un miroir de ces contradictions.
Sur scène, chaque tenue raconte une intention. Mais ce récit se heurte parfois aux limites de ce que la société est prête à entendre ou à accepter.
Elsa Daniele Monti