C’est un silence lourd, presque irréel, qui plane sur les terrains de volley-ball de Bafoussam. Le Cameroun vient de perdre l’un de ses plus grands passeurs d’âmes et bâtisseurs de talents : Tongtong Siewe Émile. L’ancien international, devenu entraîneur et formateur passionné, s’est éteint mardi, à son domicile, après une longue et éprouvante bataille contre la maladie.
Sur les parquets où il enseignait la rigueur, la lecture du jeu et le sens du collectif, son absence résonne comme un ballon qui ne rebondira plus. Mais son empreinte, elle, reste gravée dans chaque réception, chaque service, chaque cri de victoire d’une jeunesse qu’il a façonnée avec patience et amour.
Créateur du centre Arc-en-Ciel Volleyball de Bafoussam, Tongtong Siewe n’était pas seulement un entraîneur : il était un architecte de rêves. Il savait détecter une pépite au simple contact du ballon, corriger un geste avec tendresse, replacer un joueur comme on guide un enfant vers la lumière.
Grâce à lui, le volley-ball camerounais a vu éclore des noms qui portent aujourd’hui fièrement le flambeau : Marie Tina Mbou/Ombouo, Simo Mogué Danielle Patricia, Mewafo Kamdem Nancy, Mohamed Bachrou ou encore Njikam Ousman. Tous, à leur manière, sont des fragments vivants de son héritage.
Mais pour Tongtong, le volley était plus qu’un sport. C’était une école de vie, un langage d’amour et de discipline.
Sous son regard bienveillant, chaque entraînement devenait un moment sacré, chaque match une leçon de courage. Il n’a jamais cessé de croire que le service parfait ne venait pas seulement du bras, mais du cœur.
Son plus bel héritage reste sans doute Christiane Brandy Gatcheu, son propre enfant et internationale senior, qui incarne aujourd’hui les valeurs qu’il défendait : humilité, travail et respect du jeu.
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La Fédération camerounaise de volley-ball s’est inclinée avec émotion devant sa mémoire. Le président Bello Bourdanne, la voix nouée, a salué « un serviteur loyal, un pédagogue d’exception et un homme de foi qui a donné sans compter ».
Depuis son décès ce mardi, à Bafoussam et dans le reste du Cameroun, les gymnases semblent vides. Les ballons roulent doucement au sol, comme s’ils saluaient une dernière fois celui qui leur avait appris à voler.
Le Cameroun perd un maître, le volley-ball un pilier, mais l’histoire, elle, garde vivant le souvenir d’un homme qui a tout donné au sport (volley-ball camerounais) et à l’humain.
Que son dernier service soit une offrande au ciel, et que la terre de nos ancêtres lui soit douce. Tongtong Siewe Émile, ton match sur cette terre est terminé, mais ton jeu, lui, continuera d’inspirer des générations entières.
WILFRIED NGOMSEU