La question de la rémunération des artistes camerounais revient régulièrement dans l’actualité culturelle. Ces derniers jours, plusieurs prises de parole de figures majeures telles que Mr. Leo, Stanley Enow, Chris M, ou encore la controverse autour de Badnova ont relancé le débat : les artistes sont-ils justement valorisés dans leur propre pays ?
Le cri de colere de Mr. Leo et Stanley Enow.
Dans une publication relayée sur les réseaux sociaux, le chanteur Mr. Leo a interpellé les organisateurs d’événements, les invitant à revoir leur approche : « Lorsque vous réservez un artiste pour un spectacle, ne pensez pas uniquement à la réduction des coûts ; pensez également à la qualité du spectacle que vous souhaitez offrir à votre public. »
Un message qui appelle à considérer le travail artistique comme un investissement et non comme une charge secondaire.

Stanley Enow a, quant à lui, exprimé son désaccord avec les sollicitations à faible budget : « Ils n’entendront pas ça ! Raison pour laquelle ils ne MÉRITENT pas de m’avoir sur leurs scènes. Si vous ne pouvez pas me payer, n’appelez pas mon équipe ! »
Des propos qui témoignent d’un malaise plus général ressenti par de nombreux artistes camerounais.
Chris M : << je vaus mon cachet >>.
Invitée sur un plateau télé, Chris M a défendu son positionnement sur les cachets exigés pour ses prestations. Selon elle, produire des performances de qualité implique des coûts importants : production musicale, visuels, staff technique, répétitions. Elle a ainsi affirmé qu’un cachet élevé reflète avant tout les exigences de son métier et l’effort fourni en amont.

Sa déclaration a suscité de nombreuses réactions, entre soutien et critiques, et s’inscrit dans un débat plus large sur la juste rémunération du travail artistique.
Par ailleurs,l’on se rappelle d’une vidéo virale, datant de quelques mois, qui ravive cette problématique. Il s’agissait d’une mère qui critiquait l’équipe de l’artiste rappeur Bad nova pour avoir exigé un cachet qu’elle jugeait trop élevé, dans le cadre de l’anniversaire de son fils.
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L’extrait a divisé l’opinion : certains estimaient que les artistes locaux devaient rester accessibles à leur public, d’autres soulignaient l’importance de reconnaître le professionnalisme et les coûts que suppose une prestation scénique, même dans un cadre privé.
Une question de perception culturelle.
Au-delà de ces cas particuliers, c’est la perception du travail artistique qui semble en jeu. Trop souvent, l’artiste est encore perçu comme un simple divertisseur, plutôt qu’un professionnel à part entière. Or, toute performance s’accompagne d’un investissement technique, humain et financier qu’il convient de valoriser.
Le cachet demandé n’est pas qu’un prix ; il est le reflet de toute une chaîne de production. Le sous-estimer, c’est affecter la qualité du rendu final, mais aussi fragiliser une industrie culturelle encore en construction.
les revendications actuelles des artistes ne relèvent pas d’un luxe, mais d’un appel à plus de respect, de structuration et de professionnalisme dans l’ensemble de l’écosystème culturel camerounais.
Elsa Daniele Monti