Une semaine après la sortie du projet ÉBĒM du chanteur-rappeur franco-camerounais Yamê, SCN revient sur le début de carrière de l’artiste.
Il s’agit de son tout premier album studio, sorti le 13 juin 2025 via DBS/Naïve. Ce projet est composé de 14 titres répartis sur environ 38 minutes, entre hip-hop, trap, drill, R&B, jazz, blues, soul et musiques africaines. Yamê, fils du musicien camerounais M’Backé Ngoup’Emanty, est né à Cergy-Pontoise dans le Val-d’Oise avant de déménager avec ses parents au Cameroun, où il vit entre ses cinq et ses dix ans.
Comme la plupart des artistes de sa génération, il grandit en écoutant les classiques qui plaisent à ses parents. En plus, il s’imprègne très tôt de la musique de son père. À 11 ans, après le décès de sa mère, il retourne en France. Son père exige qu’il poursuive des études. Il obtient un diplôme en histoire, puis un autre en gestion des données. Employé dans la tech le jour, Yamê joue de la musique le soir et voit naître en lui le virus du rap. Quelques improvisations sur de petites scènes parisiennes avec des amis, et c’est le grand saut.
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Il se fait très vite remarquer en France : le producteur américain Timbaland reprend une de ses musiques, puis l’Américain Pharrell Williams l’invite à la Fashion Week l’année dernière, le Belge Stromae le sollicite pour assurer la première partie d’un concert (annulé à la dernière minute), et même Damso, grande figure du rap francophone, s’intéresse à lui.
Sa notoriété explose avec Bécane, qui tourne en boucle. La recette du succès de Yamê ? Sans doute cette voix de tête et cette mélodie au clavier qui apportent une fraîcheur certaine au hip-hop français. Concernant sa voix, il expliquait sur le plateau de Quotidien chez Yann Barthès qu’il s’était formé en autodidacte. Son secret : « chanter des chansons que j’aime jusqu’à ce que ça résonne ».
Pour le piano, en revanche, c’est une autre histoire. « Je suis un super curieux, un geek. J’ai touché à tous les instruments avant de choisir le clavier », dit-il. Il ajoute aussi qu’il aime évoquer dans ses chansons sa particularité physique : enfant, il tombe du 12ᵉ étage et perd plusieurs incisives de la mâchoire supérieure. Il en rit aujourd’hui.
Après une Victoire de la révélation masculine et une première grande tournée en 2024, le chanteur franco-camerounais sort ÉBĒM, un premier album dans lequel il souhaite bien plus que partager son univers : il veut raconter des histoires. Le mot “ébēm” désigne ici « un lieu où les jeunes se posent le soir pour écouter les anciens raconter des histoires ». L’album s’ouvre d’ailleurs par la voix de son père, qui explique justement ce titre, une introduction qui plonge immédiatement dans l’énergie du projet.
Vient ensuite Solo, déjà disponible sur les plateformes et repartagé en boucle sur TikTok, avec une session live scénarisée en vidéo. Ce morceau aborde la solitude et les retrouvailles avec soi-même. Jouer avec les rythmes, les sons, les vagues musicales : Yamê le fait aussi sur Supporter. Dans la tracklist des 14 titres, Insensé et Shoot, déjà illustrés par des clips, mêlent jazz et pop, agrémentés des envolées lyriques dont il a le secret depuis Bécane.
Déjà auteur de Agent 237 et Elow, Yamê se montre ici plus sensible et investi : il parle de lui, de son entourage, de son vécu, et se projette même « dans 10 ans ». Entre Problèmes, Le Roi, Méprisé ou encore Céline, Yamê signe un palmarès impressionnant.
ÉBĒM est à écouter en boucle sur les plateformes : un album unique qui valorise les racines du Cameroun.
Manu NKAMA