Après le documentaire “L’Ombre d’une Légende” sorti le 20 Novembre dernier, Auger Kotto, neveu de l’icône camerounaise Kotto Bass dévoile “HÉRITAGE”. Un album engagé et profondément personnel qui démontre une puissante entre mémoire, passion et transmission.
Jeune figure montante de la scène artistique camerounaise, Auger Kotto, est un musicien-réalisateur, passionné de culture, et porteur d’un nom chargé d’histoire. Après avoir signé le poignant documentaire “L’Ombre d’une Légende” sorti le 20 novembre, il poursuit son engagement artistique et familial à travers son tout premier album, “HÉRITAGE”. Neveu du regretté Kotto Bass ; icône du bikutsi, Auger embrasse un legs à la fois riche et exigeant.

Kotto Bass : l’icône à la canne colorée
Né le 06 février 1963, Kotto Bass de son vrai nom Nyamsi Théodore Auger, est l’exemple même d’une résilience transformée en force créative. Il a fait de la poliomyélite qu’il a contractée jeune, un moteur de réussite. Toujours accompagné de sa canne colorée, il fait ses premiers pas en musique à l’école primaire à Douala, où il intègre des orchestres scolaires. À 17 ans, il est déjà un bassiste accompli.
Sa carrière décolle à la fin des années 80 lorsqu’il rejoint les studios Makassi de Sam Fan Thomas. Il devient chef d’orchestre de la MBC et se révèle au grand public grâce à sa reprise du titre Ponce Pilate de Tabu Ley Rochereau, aux côtés du guitariste Fabo Claude.
En 1993, il participe à l’âge d’or : hommage à Nelle Eyoum avant de sortir en 1996 son album culte Edith Ndol’a Ngo, qui remporte un disque d’or. Le mélange makossa-musique congolaise touche un large public. Son second album confirme son succès avec les titres Yes Bamenda et Concours de patience.
“HÉRITAGE” : un album de transmission
Sorti le 28 novembre 2025 sur la plateforme Colorfol, “HÉRITAGE” est une réponse musicale au film documentaire sorti il y’a quelques jours. Là où le film racontait le manque et la douleur, l’album vient remplir le silence par la musique. Produit avec le soutien de Bibiane Sadey (direction artistique), Gaelle Wondje (coach vocal), et des figures comme Sam Fan Thomas, l’album propose une fusion de makossa, soukous, bikutsi, afrobeat, pop, RnB, kompa et même rock.

L’album “HÉRITAGE” d’Auger se compose de 10 titres soigneusement pensés pour faire dialoguer mémoire et modernité. Il s’ouvre avec “Héritage”(Intro) , une déclaration d’intention vibrante sur fond sobre, posant les bases du projet. Suivent des réinterprétations puissantes comme “Ndim a 2.0” et “Hein Père (Remake)”, modernisées sans trahir l’essence des versions originales de Kotto Bass. Dans “Bilongue”, Auger célèbre les racines et la langue maternelle, tandis que “Fils de…” offre un regard introspectif sur le poids de l’héritage familial.
“A Capella (Rebirth)” redonne vie à la voix brute de l’oncle disparu, dans un hommage minimaliste. “Ngon Nnam”, aux accents makossa, rend hommage aux femmes, et “Je te pardonne”, ballade touchante, adresse une lettre ouverte à l’absent. “Silence des tambours”, morceau instrumental dramatique, évoque l’oubli culturel, et “Ligne de Vie (Outro)” clôture l’album avec une réflexion intime sur la transmission, la mémoire et l’avenir. Un projet dense, à la fois respectueux, créatif et profondément personnel.
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Souvent, les hommages se limitent à la nostalgie. Mais avec HÉRITAGE, Auger Kotto choisit la réinvention.
Entre rythmes puissants, textes sincères et respect de la tradition, il propose un album qui parle autant au cœur qu’à la mémoire collective. Une œuvre qui honore le passé, éclaire le présent, et trace un chemin pour l’avenir.
Cet album s’inscrit dans une dynamique vivante, portée par une jeunesse en quête de repères et d’ancrage culturel. À travers HÉRITAGE, Auger Kotto pose un acte fort : reconnecter les générations, redonner sens à la mémoire artistique, et rappeler que la modernité n’exclut pas les racines – elle s’en nourrit.
Japhet Mbakop Tchagha







