L’Afrobeats, désormais incontournable sur la scène musicale mondiale, vient d’être célébré par Billboard à travers un classement des plus grands titres du genre. En tête, « African Queen » de 2Baba, sorti en 2004, est consacrée meilleure chanson Afrobeats de tous les temps.
Un palmarès révélateur de l’évolution du genre
Dans une récente publication, Billboard a dévoilé la liste des plus grands titres Afrobeats de tous les temps. En tête figure « African Queen » de 2Baba, considéré comme le morceau fondateur qui a ouvert la voie à la mondialisation du genre. Il devance « Ojuelegba » de Wizkid (2014) et « Nwa Baby (Ashawo Remix) » de Flavour (2011). Le top 5 est complété par « Calm Down » de Rema (2022) et « Essence » de Wizkid en collaboration avec Tems (2020). Le tube planétaire « Love Nwantiti » de CKay (2019) occupe la sixième place.
Ce classement s’appuie sur plusieurs critères : popularité locale, rayonnement international, influence culturelle et performance commerciale. Billboard précise également qu’il s’agit d’Afrobeats avec un « s », distinct de l’Afrobeat des années 1960 initié par Fela Kuti, qui mélangeait rythmes ouest-africains, jazz, funk et highlife, dans une dimension plus militante. Parmi les autres titres notables du top 20, on retrouve « Olufunmi » de Styl-Plus (2003), « Gongo Aso » de 9ice (2008), « Do Me » de P-Square (2013), « Fall » de Davido (2017) et « Ye » de Burna Boy (2018).
Créé en 1894, Billboard est aujourd’hui l’un des magazines de référence de l’industrie musicale. En effet, il publie chaque semaine des « charts » qui mesurent la popularité des chansons et des albums, en s’appuyant sur les ventes physiques, le streaming et la diffusion radio. Ses deux palmarès phares, le Billboard Hot 100 et le Billboard 200, font autorité aux États-Unis, tandis que des classements spécialisés, comme le Global 200 ou le U.S. Afrobeats Songs Chart lancé en 2022, reflètent l’évolution des tendances musicales dans le monde.
Une visibilité encore limitée pour les artistes camerounais
Si le Nigéria domine largement le classement, les artistes camerounais peinent encore à s’y faire une place. À ce jour, seule Libianca a réussi à intégrer le Billboard U.S. Afrobeats Songs Chart. Malgré son succès régional, le titre Credit Alert de Kocee, fruit d’une collaboration avec le Nigérian Patoranking en 2024, n’a pas été retenu dans le palmarès.
Ce constat illustre le défi auquel font face les musiciens camerounais : transformer leur succès local et régional en reconnaissance mondiale, dans un marché de plus en plus compétitif où le Nigéria, fort de son industrie structurée, impose son hégémonie. Néanmoins, la montée en puissance d’artistes émergents et l’ouverture croissante de l’Afrobeats pourraient offrir, dans les prochaines années, une plus grande représentativité aux talents camerounais.
Elsa Daniele Monti