Alors que les vents de tension soufflent sur le Cameroun, les artistes prennent la parole. Après Sacks & Moto de Libianca, c’est Kocee qui entre dans l’arène des voix engagées. Ce 7 novembre, le rappeur camerounais a surpris ses fans avec un morceau inédit, porté par une phrase simple mais puissante : « Le changement viendra, mais pas dans le feu. »
Kocee, de son vrai nom Njang Mengu Collins, est né le 18 novembre 1992 à Kumba. Révélé sur la scène urbaine en 2015, il a bâti sa notoriété sur un flow rapide et des mélanges audacieux entre afropop, rap et amapiano. De Balancé à Credit Alert (feat. Patoranking), en passant par I Love You avec Locko, Kocee a prouvé qu’il pouvait faire danser le public. Aujourd’hui, il veut aussi le faire réfléchir.

Un nouvel engagement musical : « Le changement viendra, mais pas dans le feu »
« Ooh mon Cameroun, ma belle patrie, je ne te reconnais plus aujourd’hui. » C’est par cette confession que démarre le morceau. Pas d’agressivité, pas de slogan. Juste une douleur. Celle de voir son pays se transformer sous le poids des violences et des colères.
Kocee s’adresse aux manifestants : « Ne brûle pas l’école, ooh non ! C’est là qu’on forme nos nations. Ne brûle pas les boutiques de tes frères, ses biens sont aussi les tiens, mon frère. Ne jetons pas les pierres aux policiers (…) gardons la paix, gardons la foi. » . Il rappelle que l’éducation est sacrée, que l’école est le socle sur lequel repose l’avenir, et qu’on doit garder la foi.

Que la marche pour la vérité ne doit jamais devenir un prétexte pour brûler ou piller.
Il soupire en disant : « Le pays, c’est nous. Ne laissons pas les mauvais esprits changer nos rêves en incendie. ». Un appel à la vigilance collective, à ne pas laisser les frustrations légitimes devenir un feu incontrôlable.
Une nouvelle posture d’artiste
Depuis le 12 octobre dernier, l’artiste montre son engagement pour le pays à travers ses prises de position et ses questionnements. Avec ce morceau, Kocee franchit un cap. Il ne se contente plus de divertir, il prend position. Il se fait témoin, frère, citoyen. Son message est clair, on peut vouloir le changement, mais il doit s’écrire avec raison, pas avec la cendre des écoles ou le sang des innocents.

Dans un paysage musical dominé par le divertissement pur, cette prise de parole tranche. Et touche.
Avec cette sortie, Kocee rejoint ceux qui utilisent leur art pour parler du Cameroun au-delà des hits de divertissement : il propose une réflexion, un appel à la conscience collective. Le timing n’est pas neutre, dans un contexte où la jeunesse camerounaise et les acteurs culturels interrogent les moyens du changement.
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La musique devient donc un pont entre divertissement et responsabilité. Kocee affirme qu’il croit en un avenir meilleur pour son pays, sans recourir à l’immersion dans le chaos.
Japhet Mbakop Tchagha






